Gervais Martel : « J’ai la fierté de présider Lens »
Dans Le Monde, Gervais Martel évoque l'évolution de la fonction de président de club sur ces dernières années et ses fonctions de président du RC Lens.
La fonction de président de club a-t-elle changé ?
« Le job a changé dans le sens où l’idée du président de club qui décide de tout, comme j’ai pu le faire à un moment donné, est finie. J’ai fait des conneries. C'est naturelle quand on prend toutes les décisions. Il n’y a que le mec qui est sur sa chaise qui ne se trompe pas. Aujourd’hui, on est obligé d’avoir une structuration importante au niveau économique sur le club, au niveau des dirigeants qui permet de n’avoir pas une pensée unique mais d’échanger, une structuration du type « chacun dans son domaine ». On essaye de n'être pas submergé dans le domaine de la communication. On est en 2014, quand on voit ce qui se passe : les tweets etc. Donc il faut qu’on arrive à maîtriser, il faut qu’on ait des gens compétents. Dans le commercial aussi. Le temps où on me demandait: « c’est bien Lens, vous pouvez pas me filer 10 000 balles? ». C’est fini tout ça. Il n’y a plus personne qui touche une somme pareille pour rien. Et puis en plus il y a une concurrence qui est de plus en plus forte. Les centres de formation par exemple : si on se remet 15-20 ans en arrière, quand on avait un centre qui tenait la route, et on était quelques recruteurs. Aujourd’hui, il y a une bagarre permanente. Il y a des gens des grands clubs français qui sont là en permanence pour voir jouer mes équipes de 17 et 19 ans. Moi aussi d’ailleurs. La pénétration et la présence du foot dans nos vies de tous les jours, c’est incroyable comme ça a changé depuis 20 ans. Je vais parler encore une fois comme un vieux con. Aujourd’hui, il n’y a pas une journée sans qu’il n’y ait une émission de foot, les spécialistes, les « rigolos », les « champions », les commentateurs d’après-coup. Les matches, moi je me régale, ma femme est folle. Heureusement qu’on a deux Canal Sat et BeIN. On a tous les championnats étrangers, on a aujourd’hui une puissance avec internet. Pour aller voir un joueur avant, on allait le voir jouer en Pologne etc. Là, on clique sur un joueur, on voit ses statistiques pour ses dix derniers matches. Il faut être professionnel mais garder la passion. Dieu merci, malgré mes 59 balais, pour moi c’est intact. »
Cela consiste en quoi d'être président du RC Lens ?
« J'ai autant de respect pour le supporteur qui paie sa place en abonnement trois euros que pour celui qui a plus de moyens et qui peut mettre 60-70 euros. Aujourd’hui, le RC Lens est un mélange réussi de la société française de 2014. J’ai des gens de tous bords. J’ai l’habitude de le dire quand j’suis invité dans les discours dans les mairies. Moi j'ai dis que je ne ferais jamais de politique parce qu’être président de Lens, ça veut dire être président de tou le monde. De droite, de gauche, des petits, des gros, des gens riches, de ceux qui n'ont pas une thune. Et on se bat pour eux aussi. C’est pour eux seuls que j’ai la fierté de présider Lens, qui est un club fantastique, depuis 25 ans, mais dont le tome 2 va s’écrire dans les années à venir. Le Tome 1 on l’oubliera pas, mais c’est comme les séries à la télé, quand vous regardez le première épisode de Braco, vous avez envie de regarder le deuxième épisode. C’est pareil au foot. »
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