Mathlouthi : Garcia « a besoin de moutons et de brebis qui l'adoubent »
Parti au Club Africain cet été après une saison blanche au RC Lens, Ali Mathlouthi profite du départ de Jean-Louis Garcia pour livrer ses vérités et dresser un portrait au virtriol de l'ancien entraîneur du RC Lens, sur son comportament vis-à-vis des joueurs et les tensions entre le groupe et le coach.
Ali Mathlouthi, que retenez-vous de votre saison à Lens ?
Quand je suis arrivé, l'équipe était déjà formée. Ce sont toujours les mêmes qui sortaient du groupe. Par exemple, après notre défaite (0-3, 29 septembre 2011, 9e journée) en Arles, Jean-Louis Garcia avait dit qu'il remanierait profondément l'équipe. Mais il n'a finalement procédé qu'à deux modifications, en écartant Franck Queudrue et moi. Les titulaires étaient choisis en fonction de statuts bien établis et des affinités avec le coach. Il n'aime pas les joueurs à tempérament comme moi ou Julien Toudic (prêté cette saison à Reims avec option d'achat, ndlr), par exemple. Quand nous avons dit ce que nous pensions, nous sommes sortis du groupe. Après ma mise à l'écart, je lui ai dit que j'aspirais à plus de temps de jeu, que j'avais envie de jouer. Il m'a dit d'arrêter mon cinéma et s'est énervé. Il a peur de certains éléments dans le vestiaire. Il en maltraite d'autres. Il m'a fait comprendre que je venais de National alors qu'Eduardo et David Pollet avaient déjà évolué en Ligue 2. Il met certains joueurs sur un piédestal, en les considérant comme Zidane ou Messi. Les autres ont, pour lui, le niveau DH.
Quelle était l'atmosphère au sein du vestiaire ?
A une période de l'année, cela ne fonctionnait plus trop. Après le déplacement à Laval (2-2, 2 mars 2012, 26e journée), il convoque une réunion avec le groupe. Il demande à chacun de se lâcher, de dire ce qu'il a sur le coeur, que rien ne sortirait du vestiaire. Pascal Bérenguer (prêté à Tours cette saison, ndlr) prend alors la parole pour lui dire, au nom de l'équipe, qu'il crie trop sur le bord de la touche. Après ça, Pascal est sorti du groupe. Le lendemain, le président est venu s'exprimer face au groupe pour défendre Jean-Louis Garcia. Une autre fois, un samedi, à deux jours d'un match, il nous rassemble dans le vestiaire en expliquant que son groupe n'est pas encore formé, que les convocations tomberont le dimanche. Il précise également que les non-convoqués se rendront à une séance de dédicaces au magasin du club. La séance terminée, plusieurs joueurs, dont moi, découvrent dans leurs casiers des convocations pour se rendre à cette dédicace... Il nous avait menti. J'allais péter un plomb ! Il y a eu plein d'histoires. Il demandait au capitaine s'il devait effectuer une mise au vert ou non. Il ne savait plus, il était perdu.
Pourquoi n'avez-vous pas accroché avec lui ?
Il me voulait. Mais il a raconté tout et n'importe quoi pour justifier ses choix. Je l'ai entendu plusieurs fois me critiquer. Je suis quelqu'un qui aime chambrer sur un terrain, comme beaucoup de joueurs, mais cela ne lui plaisait pas. Il n'a pas hésité à me tirer dessus. C'est facile de mettre un élément à l'écart. Mais lui a besoin de mecs qui boivent ses paroles. Voilà pourquoi j'ai été écarté. Et ensuite, il raconte à droite et à gauche que je ne suis pas dans l'état d'esprit... Une fois, à l'entraînement, il te dit : "Il faudrait que tu joues comme Maoulida. Que tu joues la carotte." Déroutant. Il croit que le football professionnel se joue sur une PlayStation. Rien n'est jamais de sa faute. Pourtant, il n'a jamais rien gagné ! Dès le lundi, tu connais déjà l'équipe alignée le week-end. Toute la semaine, tu ne fais que travailler la défense. Et il n'y a pas que les joueurs qui n'en pouvaient plus l'an dernier. Plusieurs fois, des membres de la direction sont restés interloqués devant les causeries d'avant-match. Certains joueurs en sont même déjà sortis le sourire aux lèvres. Au moins les trois quarts du vestiaire n'en pouvaient plus. Mais comme les joueurs sont sous contrat, ils ferment leur bouche. Sincèrement, heureusement qu'au sein du vestiaire tout le monde s'entendait bien parce que le coach est capable d'aller dire à chacun comment il faut s'habiller. Il a besoin de moutons et de brebis qui l'adoubent. L'erreur de recrutement de la saison passée, c'est lui et non les joueurs. Avec l'un des meilleurs effectifs de Ligue 2, il n'est pas normal qu'on ait joué le maintien à la dernière journée.
Source :L'Equipe
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