Exclu MadeInLens - Jean-Guy Wallemme : « On a vécu le titre trop vite »

Jean Guy Wallemme RC Lens
Champion de France avec le RC Lens en 1997-1998 et capitaine de cette équipe qui aura à jamais marqué l’histoire du club, Jean-Guy Wallemme est de ces légendes que le public Sang et Or n’oublie pas. Dans une interview exclusive accordée à MadeInLens.com, l’ancien joueur et entraîneur lensois de 50 ans est revenu sur son titre de champion, dont il estime ne pas avoir assez profité, et sur la rencontre de Coupe de France à Sochaux qui a été, selon lui, un véritable moment charnière…

Jean-Guy, cette saison 1997-1997 et le titre restent-ils en mémoire ?

« Oui, heureusement ! On avait failli en gagner un deuxième en 2001-2002. On perd à Lyon mais c’était déjà une saison exceptionnelle vu l’effectif, et des ambitions qui étaient plus que secondaires en 2001-2002. Mais c’est vrai que j’ai revu sur les différents sites, les retours sur image comme on dit : c’est sûr que ça a marqué. On s’en rend encore plus compte aujourd’hui parce qu’on l’a vécu trop vite : on n’a pas vraiment apprécié parce qu’on est partis assez vite derrière en stage de fin de saison, on a eu des matches de prévus sur les îles. La ferveur, on l’a vue sur les images et tout mais on ne l’a pas trop ressentie en direct. »

Quand avez-vu vraiment cru que vous alliez être champions ? Au dernier moment à Auxerre, ou sentiez-vous déjà un peu avant que c’était possible ?

« C’est sûr que ça s’est joué à Auxerre sportivement mais, dans l’esprit, on va dire que l’on s’est pris au jeu en allant gagner à Metz. Parce qu’au niveau du classement, cela commençait à se réduire et forcément, quand tu bats le leader, tu te dis « pourquoi pas ? » »

Y’a-t-il eu un moment charnière dont tu te souviens bien, outre le match de Metz ?

« Je pense que, quand on va jouer à Sochaux en Coupe de France, Sochaux est en Ligue 2 à ce moment-là et il y a une petite altercation à la mi-temps. Et je pense que cette altercation réveille un peu tout le monde, au premier et au deuxième degré. On perdait 1-0 à la mi-temps. Sur une dernière action, Stéphane Ziani frappe un coup-franc alors qu’on est en train de monter avec Cyrille Magnier ou Frédéric Déhu : il le joue vite mais le joue mal. On se retrouve à avoir fait 80 mètres pour monter puis on prend un contre et on a failli en prendre un deuxième. C’était encore l’ancien stade de Sochaux, avec des petits vestiaires… La veille, La Voix du Nord m’avait posé des questions et j’avais répondu que le groupe vivait bien, que c’était un bon groupe et qu’on avait du caractère. A la sortie du tunnel, avant de rentrer du vestiaire, le « grand » (Daniel Leclercq, ndlr) m’attrape et me dit : « Alors, c’est ça ton groupe de caractère, c’est quoi ce machin ?! ». Il me met une avoinée : je sors de ce petit cagibi, je rentre directement dans le vestiaire, je claque la porte et là je m’engueule avec Stéphane Ziani. Gervais Martel était dans le coin : s’il avait pu se mettre en-dessous de la porte, il se serait mis en-dessous ! Daniel arrive derrière, il nous dit de nous calmer mais c’était chaud. En deuxième mi-temps, on marque deux buts et on gagne 4-1 ou 4-2. On repart, Gervais me chope à Lesquin et je lui dis : « Ecoute, laisse-moi tranquille parce que ça commence à me fatiguer ce genre de trucs, je n’ai plus 20 ans ! » Avec le recul, je me dis que, si on s’était fait éliminer en Coupe, peut-être qu’on n’aurait pas eu la même trajectoire. Déjà, en Coupe, on ne serait pas allé au Stade de France et la dynamique est différente. C’est une anecdote de virage dans la saison, je parle pour l’état d’esprit. Après, sur le jeu, la référence c’est Metz parce qu’on fait un gros match là-bas. Il n’y a rien à dire : on gagne logiquement ce match et, derrière, il y a une ligne droite qu’on entame. Surtout sur les trois tableaux, parce qu’on était encore en Coupe de la Ligue et en Coupe de France. »

Je me rappelle bien de ce match à Sochaux, c’était l’ancien Bonal… Outre Daniel Leclercq qui avait dit en février « On sait qu’on ne sera pas Champions de France », ce à quoi j’avais répondu « C’est que vous y pensez quand même un peu ! », la première personne qui m’avait parlé du titre était Roger Lemerre lors du match à Châteauroux. Il m’a dit : « Ils vont aller le chercher ce titre ou pas ? Personne n’en veut, il n’y a que Lens qui peut y prétendre... »

« Peut-être. Après, on ne doit notre titre qu’à nous, personne ne nous l’a donné, et surtout pas Auxerre le dernier match ! Je pense que si tu avais fait un sondage, notamment après la Coupe de France qu’on venait de perdre, en sachant qu’Auxerre avait besoin de gagner pour être européen… Ce n’était pas la panacée d’aller à Auxerre, surtout avec l’équipe qu’ils avaient à ce moment-là. Quand tu revois le match, qu’on domine de la tête et des épaules et que tu es mené 1-0 à la mi-temps, ça se complique encore plus. Tu as l’impression que Charbonnier sort, ils mettent l’autre gardien, même si Fabien Cool avait été sorti, ils auraient un joueur de champ dans les buts et on aurait quand même eu du mal à marquer (rires) ! Quand tu vois la première mi-temps, c’est fou… C’est aussi exceptionnel car c’est sur la durée du championnat et ça se joue au goal-average. Quelque part, même si Lens est un peu en difficulté, Metz ne s’en est jamais remis. Ils ont eu du mal à rebondir, ce qu’on peut comprendre. Si cela avait été l’inverse… Nous n’avions pas été leader comme eux avaient été leader presque toute la saison, c’était une surprise. Malgré tout, tu te prends au jeu. »

Propos recueillis par Pascal Guislain (RBM 99.6FM) pour MadeInLens


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