Gervais Martel : des émotions à vie mais dix ans de trop au RC Lens

Gervais Martel RC Lens 18
Gervais Martel : voilà un nom qui est et restera associé à l’histoire du Racing Club de Lens. Amoureux du club depuis ses plus jeunes années, il aura tout connu de 1988 jusqu’à 2017 et sa récente demande de quitter la présidence du club.

Le « Prez » est passé par toutes les couleurs en 30 ans : des moments de folie, de peine, d’espoir et de désespoir ! Sous les feux des critiques depuis 2007 et le fameux épisode Guy Roux, il aura tenu encore 10 ans. Peut être une décennie de trop pour un Président toujours aussi passionné mais au mode de fonctionnement trop marqué par le copinage et une fâcheuse tendance à ne pas arbitrer les conflits internes.

À mon sens, le règne Gervais peut se décomposer en 3 époques : 1988 et son arrivée à la présidence à une époque où le Racing n’avait que 1 500 abonnés et une moyenne de 15 000 spectateurs. Ensuite, 1998/2006 et les années dorées du club qui surfait sur le titre de champion de France de 1998. Et enfin l’ère 2007/2017 qui malheureusement pour lui restera comme une tâche indélébile.

A quoi reconnait-on un bon Président d’un mauvais Président ? Sans tomber dans la caricature du sketch des Inconnus sur le chasseur, c’est surtout aux décisions qu’il prend et aux effets qu’elles peuvent avoir sur l’avenir d’un club. De mon point de vue, sans lui et ses ambitions de « fou » (en 1988, il visait les 10 000 abonnés à court terme - il devait être le seul à y croire), le Racing aurait certainement disparu en 1988 ou peu de temps après. En effet, ils n’étaient pas nombreux à se bousculer aux portillons d’un club qui ne tenait que grâce aux 16 millions de francs de subventions et avec un pauvre budget publicitaires de 3 millions. 

Sans Gervais Martel, il n’y aurait eu aucune ligne au palmarès du Racing. 

Grâce à lui, nous avons vécu des moments uniques : le titre de 1998, la Coupe de la Ligue 99, les soirées de folie en coupe d’Europe (la victoire à Arsenal, les larmes de Nouma après le but contre le Celta, la demi-finale de Coupe de l'UEFA en 2000...), le triste dénouement de 2002 contre Lyon... Bref des émotions comme tous les supporters d’un club rêvent d’avoir et qui engendrent la passion et l’amour d’un maillot voire d’une région.

Oui mais si les paris de Gervais avaient finalement été gagnants jusque là, le côté « joueur » de Gervais lui aura été fatal. Le désastreux Troyes - Lens et la défaite 3-0 contre une équipe déjà reléguée coutera au Racing, en plus d’une place en Ligue des Champions, la démission de Francis Gillot, usé après une fin de saison éprouvante et une fin de mercato hivernal manqué où les Sang et Or voient parti Jussiê et Olivier Thomert, en ne recrutant qu'Olivier Monterrubio lors du dernier jour. L’arrivée de Guy Roux en 2007 avait été quasi-unanimement saluée par la presse, ne l’oublions pas trop vite, mais on sait ce qu’il est advenu. Je pense modestement qu’à partir de ce moment le club est parti en vrille : mauvaise qualité de recrutement (Jean Luc Lamarche n’était plus là pour réaliser des bons coups), des choix d’entraîneur contestables et des paroles présidentielles toujours ambitieuses mais totalement dénuées de toute objectivité. Je ne m’attarderai pas sur la perte du club en 2012 au profit du Crédit Agricole, ni sur l’épisode Mammadov et les délires de rêve de Ligue des Champions. A ce moment là, tout le monde avait compris que les désirs avaient dépassé une réalité qui allait tôt ou tard amener le club droit dans le mur.

Au final, une immense part de la crédibilité dont Gervais Martel disposait pendant des années s’est liquéfiée comme la neige fond au soleil. Il était grand temps pour lui de laisser sa place de président, de tourner la page et, à mon avis, il aurait même dû ne plus figurer au Conseil d’administration. Pour qu’il puisse redevenir le simple supporter passionné qu’il était avant 1988.

Nicolas Zatti 


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