En plein dans le MiL : quel système de jeu pour le RC Lens ?

Alain Casanova RC Lens 11
Après une saison à évoluer dans un 4-4-2 à plat (2013-2014) et deux saisons cantonnées à un 4-3-3 à la fois par faute de moyens et peut-être de philosophie de jeu, le Racing Club de Lens a dit adieu à son ancien entraîneur Antoine Kombouaré pour laisser la place libre à Alain Casanova. Réputé fin tacticien par certains et entraîneur trop défensif par d’autres, l’ancien Toulousain est arrivé avec des principes tactiques intéressants et une idée pour le club.
En nous basant sur l’excellent « Comment regarder un match de foot ? », écrit par Raphaël Cosmidis, Gilles Juan, Christophe Kuchly et Julien Momont (aux éditions Solar), nous allons peser le pour et le contre de chaque système pour le RC Lens, du 3-5-2 préférentiel d’Alain Casanova au 4-3-3 efficace à Nîmes en passant par d’autres éventualités.

Le 3-5-2 du début de saison

Atouts

Lorsque les latéraux descendent près des trois défenseurs centraux, le système offre une excellente couverture du terrain sur toute sa largeur. Ce 3-5-2, bien travaillé (n’est-ce pas Laurent Blanc ?), offre des mécanismes de compensation très intéressants puisque les deux centraux excentrés sont en mesure de couvrir les espaces laissés par les deux latéraux montés.
Sur les phases de transition, cette couverture est intéressante puisqu’elle permet de tuer dans l’œuf les contre-attaques adverses.
A la récupération du ballon, ce système permet aux latéraux de se projeter rapidement vers l’avant, dans le dos de leurs adversaires directs déjà couverts par les deux centraux excentrés.
La présence en nombre au milieu de terrain assure d’un côté une présence défensive intéressante et offre énormément de solutions directes au porteur du ballon.

Inconvénients

La présence d’un seul élément dans les couloirs pose un problème d’infériorité numérique en phase offensive et n’offre par exemple pas la possibilité de dédoubler.
Le nombre d’éléments à vocation défensive (6, voir 8 si les deux relayeurs ne se portent pas vers l’avant) ne permet pas les attaques en nombre et limite le nombre de solutions dans le camp adverse.

Et pour le RC Lens ?

Système préférentiel d’Alain Casanova, il a offert en début de saison au Racing Club de Lens une solidité défensive rarement vue du côté du stade Bollaert-Delelis. Avec l’assurance de Dusan Cvetinovic placé au centre du trio défensif et la rapidité et la qualité de relance de Landre ou Duverne, c’est un système qui pourrait rassurer l’équipe et les supporters.
Au milieu de terrain, Benjamin Bourigeaud, John Bostock ou Patrick Olsen étant très portés vers l’avant, ils seraient une solution au manque de présence en phase offensive. Devant, avec deux vrais attaquants de métier (par exemple Kévin Fortuné et Cristian Lopez), les solutions seraient là, alors que le doublage des postes de latéraux rassurerait les supporters. En effet, pour ces postes de piston il faut un coffre physique qu’a Kenny Lala mais peut-être pas Anthony Scaramozzino (qui réalise cependant un début d’exercice tout à fait correct).
L’intérêt de ce système, c’est que face au 4-3-3 vu et revu en France (pas qu’en ligue 2), ce 3-5-2 est innovant et peut se montrer déstabilisant pour l’adversaire. La problème, c’est qu’il faudra trouver une place aux 3 ou 4 ailiers de métier et surtout que le milieu de terrain prenne confiance… Sinon les matchs risquent d’être très longs.

 

Un 4-3-3 classique

Atouts

Un potentiel offensif très important avec un attaquant et deux ailiers (ou attaquants reconvertis) soutenus par des latéraux amenés à jouer haut.
Les milieux relayeurs apportent du soutien offensif et de la fluidité, multipliant les lignes d’attaque et les possibilités. La position du trio du milieu est d’ailleurs facilement adaptable à l’adversaire ou à la physionomie du match.
La sentinelle postée devant la défense est censée assurer une couverture efficace des éléments offensifs adverses, le schéma basculant dans un 4-1-4-1 en phase défensive.

Inconvénients

L’attaquant de pointe peut vite se retrouver esseulé, notamment si les milieux relayeurs n’arrivent pas à se porter vers l’avant.
D’un autre côté si ces deux milieux relayeurs sont trop portés sur l’attaque, la pointe basse du trio peut vite se retrouver sous l’eau avec des espaces bien trop grands à couvrir.

Et pour le RC Lens ?

Face à Nîmes, Lens a évolué par la force des choses dans ce système, mais a montré qu’il pouvait s’en servir à bon escient. Ce système a par ailleurs permis l’éclosion en championnat de Kévin Fortuné intéressant seul en pointe et d'Abdellah Zoubir excellent sur une aile.
Au milieu, le gros abattage de Djiman Koukou permet aux relayeurs de se porter vers l’avant et d’apporter du poids dans la surface. Le retour des latéraux à des tâches plus classiques leur a permis de prendre confiance et se projeter facilement vers l’avant, démultipliant les possibilités de combinaison avec les ailiers.
Avec le retour de Dusan Cvetinovic et Loïck Landre, ce système peut être intéressant si ces deux éléments permettent de retrouver une solidité défensive.
La fin de mercato et l’éventuel maintien de ce système pourraient sonner le glas du statut de titulaire de Mathias Autret, notamment avec l’arrivée de Viktor Klonaridis, pur ailier de métier.

 

L’éventualité du 4-2-3-1

Atouts

C’est un système qui offre une bonne occupation de l’espace, un quadrillage du terrain intéressant et de la présence entre les lignes. Cette présence entre les lignes, notamment due au meneur de jeu (ou au 9 et demi selon la philosophie de jeu) permet de créer des décalages avec l’attaquant qui cherche à se libérer d’un marquage.
Le duo devant la défense est très intéressant défensivement (comme le duo Nenad Kovacevic - Seydou Keita à l’époque Francis Gillot) et permet de couvrir une zone importante.
Les solutions offensives existent et couvrent la largeur du terrain. L’attaquant de pointe a également un soutien direct avec le meneur de jeu et les deux milieux offensifs excentrés.

Inconvénients

L’équipe peut vite se retrouver coupée en deux, les 6 éléments défensifs d’un côté et les 4 éléments offensifs de l’autre, surtout si les deux milieux récupérateurs ne se projettent pas pour faire le lien avec l’attaque.
Sur le plan offensif, tout comme le 4-4-2 dont il est une évolution, le 4-2-3-1 risque de pâtir d’une certaine rigidité, offrant des solutions trop prévisibles.

Et pour le RC Lens ?

Ce système pourrait être intéressant pour le Racing, notamment grâce à quelques individualités. Abdellah Zoubir, par exemple, pourrait être cet individu extrêmement utile dans ce genre de système : placé en milieu excentré, sa vitesse de percussion amènerait du danger alors que sa générosité serait un plus défensivement pour quadriller le terrain, et placé en 9 et demi, sa capacité à jouer dans les petits espaces donnerait un nombre de solutions incroyables pour combiner entre le milieu et l’attaquant de pointe.
La dernière fois que Lens a réussi dans ce système remonte à l’ère Francis Gillot et s’appuyait sur un excellent duo de récupérateurs (Kovacevic et Keita). Alain Casanova a-t-il les joueurs pour former ce duo ? Si l’abattage de John Bostock et sa qualité lorsqu’il se projette vers l’avant pourraient faire de lui la plaque tournante de ce système, qui pourrait être associé avec lui ?

 

Les armes pour un 4-4-2 ?

Atouts

Avec deux lignes de 4 en défense et au milieu, c’est un système qui offre un excellent quadrillage du terrain en phase défensive et qui permet un pressing assez haut.
Sur les phases offensives, ce système offre de la présence dans la surface, notamment en permettant d’associer deux véritables attaquants.

Inconvénients

Ce système, s’il offre un bon quadrillage du terrain, peut avoir un effet pervers avec un manque de relais entre la défense et le milieu, puis entre le milieu et l’attaque. Ceci peut arriver très vite si les deux milieux axiaux ne se portent pas assez sur l’offensive.
La symétrie utile défensivement pour quadriller le terrain donne un jeu trop prévisible lorsque l’équipe se porte sur l’attaque, il manque des éléments de déstabilisation de l’adversaire. Il faut alors compter sur un effectif au-dessus de la moyenne qualitativement.

Et pour le RC Lens ?

Sans joueurs au-dessus du lot techniquement, ce système est voué à l’échec. En 2013-2014, Antoine Kombouaré avait opté pour ce système, se basant sur une équipe solide. Alaeddine Yahia était le patron de la défense, Jérôme Le Moigne et Pierrick Valdivia étaient assez complémentaires au milieu de terrain, Pablo Chavarria et Lalaïna Nomenjanahary avaient effectué une excellente saison en milieux excentrés, alors que Danijel Ljuboja et Yoann Touzghar formaient ce duo complémentaire d’attaquants avec le 9 solide dos au but et l’attaquant plus vif à ses côtés. La saison suivante, il avait dû renoncer à ce système par manque d’individualités.
Cette saison, avec un recrutement terminé tardivement, difficile de dire si le Racing a les joueurs pour ce système. Mais vu le nombre d’attaquants de métier recrutés, ce 4-4-2 est une éventualité à ne pas négliger.

En décrivant ces systèmes, on comprend également une chose : chaque système de jeu ayant ses atouts et ses inconvénients, c’est la philosophie de jeu imposée par l’entraîneur qui fait la différence. On ne peut pas non plus réduire le football à la composition de l’équipe affichée sur l’écran en début de match, l’équipe pouvant s’aligner dans plusieurs systèmes différents au cours du même match (comme le fait souvent Pep Guardiola).

Et vous, pour quel système opteriez-vous ?


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