Benjamin Bourigeaud : un départ prévisible et inquiétant pour le RC Lens

Ce départ du milieu de terrain lensois fait mal, tant le joueur de 23 ans incarne l'esprit Sang et Or, se battant sur chaque ballon, se donnant à fond sur chaque match. Issu de la région, formé dans le moule de la Gaillette, attachant et avec des valeurs simples, Benjamin Bourigeaud s'est construit et a mûri avec le Racing, en tant que joueur et en tant qu'homme. Désormais à Rennes, il laisse un grand vide, tant au niveau sportif qu'humain.

Pascal Guislain et Nicolas Zatti, tous deux membres de l'équipe de MadeInLens, livrent leurs avis sur ce transfert.

Pascal Guislain (RBM 99.6FM) : « Benjamin Bourigeaud, le dernier Mohican ? »

Benjamin est parti. Voilà, c'est fini. Celui qui représentait une des dernières valeurs "made in La Gaillette" n'est plus lensois. Il était Sang et Or de cœur et même de sang. A lire ses déclarations, peut-on croire que c'était volontaire ? Des membres de sa famille nous ont déclaré qu'ils espéraient qu'il reste longtemps et qu'il devienne le symbole de l'équipe lensoise.

Même avec un jeu qui ne lui convenait pas, où il se situait en position de dernier défenseur, il acceptait la tâche et ne rechignait à rien. C'est à ce poste qu'il vient d'effectuer une saison en demi-teinte - mais pourtant excellente - par rapport à ce qu'il aurait pu apporter.

Le départ de Benjamin confirme toutes les craintes que l'on pouvait avoir. Pour vivre sur la lancée de cette saison, il aurait fallu n'y effectuer que quelques retouches. Nous sommes partis vers un nouveau bouleversement. Va-t-on avoir une équipe compétitive avant Noël ?

Benjamin Bourigeaud est devenu en quelques années, le porteur des valeurs, l'homme qui ne rechignait jamais à s'exprimer. Même si Lens perdait, il attendait dans un coin et s'exprimait pour raconter son ressenti.

Une fois parti, qui va porter ces valeurs ? Qui va savoir porter le message aux nouveaux ?

Depuis quelques années, nous n'avons plus le temps de nous habituer aux joueurs. Ils viennent, ils partent, sans aucune émotion. Sans un regard pour des supporters qui leur ont tout donné ? A Lens, on entre dans un moule. On s'y fond. On n'est pas en CDD, en intérim

Benjamin est parti. Voilà, c'est fini.

Le RC Lens avait des valeurs. Avec le départ de Benjamin, est-ce la fin des racines du club ? On s'ennuie à Bollaert, pour ne pas dire plus.

Le départ de Benjamin, c'est un peu la rupture d'un équilibre fragile entre histoire et identité. Comment ne pas être inquiet pour ce qui va se passer dans les prochains mois ?

Le départ de Benjamin, c'est le début des inquiétudes. Et que l'on ne nous dise pas que l'équipe a de l'ambition.

A une époque, Lens a construit avec des Sikora, des Wallemme. Maintenant, il doit reconstruire sur du vide...

L’avis de Nicolas Zatti : « Le départ de Benjamin Bourigeaud : prévisible et inquiétant »

On s'y attendait un peu mais cette fois-ci c'est officiel : ce mercredi en fin de journée, Benjamin Bourigeaud a choisi de quitter son club de cœur pour rejoindre le Stade Rennais. Le milieu de terrain lensois s'est engagé pour 4 ans mais pour le moment, le montant de la transaction n'a pas été communiqué (il est estimé à environ 3,5M€).

Faut-il considérer que Benjamin a fait le bon choix en optant pour Rennes ? D'abord, il rejoint un club qui évolue depuis de nombreuses années en Ligue 1 avec à sa tête un entraîneur de renom (Christian Gourcuff) qui a la réputation de bien faire jouer ses équipes. Cependant, sans faire offense aux amoureux du Stade Rennais, le style de jeu déployé la saison dernière n'est pas le plus spectaculaire que nous ayons vu dans le championnat. Pourtant, à chaque intersaison, le recrutement est souvent pléthorique mais, vu de l'extérieur, cela ressemble à un empilement de joueurs sans réelle idée directrice. Espérons pour Benjamin Bourigeaud qu'il ne fasse pas partie de ce wagon de recrues dont la moitié finit par être prêtée ou cédée rapidement.

Toutefois, par ses qualités de joueur qui sont indéniables, ce sera à lui de prouver qu'il peut se faire une place au sein du milieu de terrain breton. D'ailleurs, hormis « Gourcuff fils », il n'a rien à envier à Benjamin André ou à Sanjin Prcic. Il ne sera pas non plus complètement dépaysé en rejoignant son nouveau club puisqu'il retrouvera ses anciens coéquipiers lensois, Ludovic Baal et Dimitri Cavaré.

Se servir du Stade Rennais comme tremplin ? A 23 ans, on peut comprendre que Benjamin éprouve l'envie d'évoluer au plus haut niveau français. D'abord pour continuer à progresser mais également pour se confronter régulièrement à des grosses écuries. S'il arrive à augmenter son volume de jeu, il peut très bien voir sa côte progresser pour rejoindre un des cadors du championnat de France voire à s'exporter dans un grand championnat étranger.

Va-t-il laisser un vide au Racing ? C'est un grand OUI. Malheureusement, une nouvelle fois, nous perdons un garçon de qualité qui a encore prouvé cette année l'amour qu'il portait au maillot lensois. Benjamin, c'était l'ADN du Racing. Il a été l'homme fort du milieu de terrain lensois. Dans ces conditions, pas facile de le remplacer. La cellule de recrutement va devoir sérieusement se creuser les méninges.

En définitive, le départ de Benjamin Bourigeaud a comme un air de déjà-vu. En effet, à chaque période d'intersaison, nous perdons nos meilleurs éléments pour renflouer les caisses du club. Et rien ne laisse à penser que le départ de Benjamin va être le dernier : John Bostock semble parti sur la même voie, Abdellah Zoubir et Cristian Lopez sont dans les petits papiers de nombreux clubs. Et côté arrivée, à part la signature de Mouaad Madri, c'est le calme plat. Rappelez-vous que l'an dernier, les renforts sont arrivés très tardivement et cela nous avait coûté de nombreux points en début de championnat. Apparemment et malgré les propos de Gervais Martel à la fin du championnat, les leçons du passé ne sont pas retenues. Messieurs les dirigeants, il serait grand temps de se réveiller. Et de nous faire rêver aussi. Si votre objectif reste la montée en Ligue 1, vous allez devoir passer à la vitesse supérieure pour bâtir une équipe compétitive. A l'allure où c'est parti, l'affaire semble mal engagée.