Eric Carrière : « Ma dernière année à Lens m’a laissé un goût amer »

RC Lens Eric Carrière
Pour notre site partenaire Sharkfoot, Eric Carrière revient en détail sur ses années passées au sein du RC Lens et soulève de nombreuses difficultés qu'il a connues en Artois, notamment au niveau des dissensions internes entre Daniel Leclercq et Francis Collado.

 

Puis tu as rejoint Lens en 2004…

Tout à fait, comme je l’avais prévu, Lyon a continué sa progression et a enchaîné les titres. C’est devenu difficile pour moi au milieu de terrain, de très grands talents ont émergé, je pense notamment à Juninho, Essien ou Diarra. Sur ma dernière saison lyonnaise, je jouais beaucoup moins et je sentais que ça allait être difficile de m’imposer parmi tous ces futurs grands joueurs. Ensuite, Gervais Martel m’a séduit et je dois dire que ça a beaucoup compté dans ma prise de décision. C’était agréable de signer là-bas. C’est un club populaire.

À ton avis, quelles sont les différences notables entre les clubs que tu as fréquentés ?

Nantes était un club qui ciblé d’abord la formation. Forcément, au départ, c’était difficile d’obtenir des résultats avec une équipe très jeune. Mais la plupart des joueurs formés au club sont devenus d’excellents footballeurs et les résultats sont venus tout seul. Malheureusement, ces très bons joueurs ne restaient pas longtemps au club, ils étaient souvent achetés par de plus grosses écuries. C’est le grand souci des clubs formateurs. Pour Lyon, ce n’était pas la même chose, il y avait plus d’argent en caisse. Sans épargner la formation, le club achetait les meilleurs joueurs du championnat de France. Pour Lens, comme je te l’ai dit, c’était un club très populaire, mais qui n’avait pas d’identité de jeu spécifique comme c’était le cas à Nantes. Leur jeu se rapprochait un peu plus du jeu anglais, assez physique. On a essayé de changé ceci à mon arrivée. Malheureusement, ça n’a pas toujours fonctionné. Enfin, pour Dijon, deux clubs ont fusionné en 1998, et je crois que le DFCO a bien progressé puisqu’il est rapidement passé de la CFA à la Ligue 2, puis à la Ligue 1 il y a deux ans. C’est un club qui se construit encore à l’heure actuelle autour de dirigeants du crû, des régionaux. Je suis évidemment encore les performances de mes anciens clubs et en ce moment, ça va un peu mieux pour ceux-ci. (rires)

À Lens, la mode est au retour des anciens qui viennent encadrer la jeune garde sang et or, on sait que tu as passé des diplômes, donc est-ce qu’un retour à Lens pourrait être envisagé en cas d’opportunité ?

J’ai effectivement passé des diplômes de manager pour pouvoir me donner les moyens d’exercer ce métier plus tard, pour le moment je ne suis pas pressé. Pour l’instant je vis une vie qui est assez éloignée de celle d’un dirigeant ou d’un membre du staff. La fonction de manager ou d’entraîneur exige qu’on lui accorde un maximum de temps et de ce fait, le temps accordé à la famille est réduit. J’ai d’autres activités en ce moment : un restaurant, les ventes de vins. Si je dois m’investir dans un club dans le futur, ce sera dans un club bien structuré où tout le monde a le même objectif et je ne te cache pas que ma dernière année à Lens m’a laissé un goût amer… Néanmoins, je garde un très bon souvenir des échanges que j’ai pu avoir avec les supporters lensois. C’est l’ambiance générale au sein du club que je regrette et notamment lors de la dernière année où tout le monde n’allait pas dans le même sens… Il y avait beaucoup de querelles en interne et c’était très pénible. Il y avait des clans, ceux qui considéraient Francis Collado (ndlr : alors directeur financier du Racing) et ceux qui ne pouvaient pas le voir. Je faisais partie du premier groupe et Daniel Leclerq (ndlr : venu épauler Jean-Pierre Papin, l’entraineur de l’époque) du deuxième groupe, donc forcément ça ne pouvait pas fonctionner. Tu me demandais comment cela fonctionnait dans les autres clubs où je suis passé, à Lyon il y avait un patron en la personne de Jean-Michel Aulas et la hiérarchie était respectée. Mais ce n’est pas seulement typique à Lens, ça se passe dans beaucoup de clubs.

Quand tu es arrivé à Lens, on t’a donné le brassard de capitaine pourtant, c’est un signe de confiance tout de même de la part de l’équipe dirigeante …

Certes, mais pour moi c’était une erreur d’avoir accepté cela. Le capitaine doit être quelqu’un qui fait l’unanimité auprès de tous les joueurs, or, la majorité de mes coéquipiers étaient très athlétiques, je n’évoluais pas dans le même registre. Lorsqu’on a eu de moins bons résultats, tout le monde est revenu aux fondamentaux :  les duels. Je n’étais pas vraiment dans la meilleure des postures pour les encourager à se battre dans les airs ou physiquement. Je n’avais pas la légitimité de leur imposer cela. On avait du mal à trouver de la cohérence au sein de l’équipe et parfois, c’était compliqué pour moi de trouver ma place.

Interview réalisée par Romain Scheers pour le site Sharkfoot


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