Interview MadeInLens - Philippe Lefebvre (1ere partie) : « Vous ne pouvez pas monter qu’avec des jeunes »
Alors que la Ligue 2 a repris ses droits ce week-end, Philippe Lefebvre, ancien joueur professionnel au RC Lens et au Paris FC et journaliste pendant 25 ans à Canal+, est venu dans le studio de RBM 99.6FM, notre radio partenaire, pour évoquer la nouvelle saison. L’occasion pour lui de livrer l’analyse d’un professionnel qui connaît ce milieu depuis des années, de livrer aussi ses pronostics sur cette Ligue 2 qui n'a jamais autant semblé serrée, indécise et riche en qualité.
Etes-vous détendu et rassuré lors de la reprise du championnat ?
« Personnellement, je le suis. Je ne sais pas si les joueurs et les dirigeants le sont aussi. Il fait très chaud en ce moment. Cela peut autant gêner la préparation que les joueurs lors des rencontres. On sait qu’un début de saison est important, cela donne le ton. Il ne faut pas se louper. La Ligue 2, c’est un marathon avec 38 journées, 38 étapes. Il faut savoir l’aborder. »
Justement, la Ligue 2, ce n’est pas la même compétition que l’année dernière, les enjeux ne sont pas les mêmes !
« Effectivement, en juin, les droits télé ont été renégociés. La conséquence sera impressionnante. Un club qui arrivera en Ligue 1 dans deux ans se verra doté de 30 millions d’euros minimum. La carotte sera belle. Et si l’on regarde les équipes, il y aura 7 ou 8 équipes qui vont avoir l’ambition de monter à l’étage supérieur pour profiter de cette manne. La carotte est belle... »
30 millions, c’est énorme....
« Les droits télévisés ont atteint 1,250 milliards d’euros ! C’est une belle somme. La télévision espagnole a mis l’argent sur la table. Certains doivent avoir des regrets... Jean-Michel Aulas doit en avoir. Il voulait que l’appel d’offres ait lieu en septembre. Avec la victoire en Coupe du Monde, l’appel d’offre aurait pu être beaucoup plus important. »
Quel est votre favori pour ce championnat de Ligue 2 ?
« J’aimerais bien que Lens remonte, c’est mon favori de cœur. Mais l’équipe qui est pour moi en meilleure place sur le papier, c’est le FC Metz. Outre l’effectif costaud, ils ont pris Antonetti, coach compétent et médiatique. S’il n’a pas réussi à Lille, je pense qu’il est pour Metz, l’homme de la situation. »
Il y a maintenant deux montées et un barragiste. Vous avez connu les barrages…
« Oui, je les ai connus avec le Paris Football club, il y a presque 40 ans. Et l’aventure s’était arrêtée à Lens. Les matches de barrages sont faits pour protéger les clubs de Ligue 1. Cette année, en Ligue 2, il y a ce que j’appelle les clubs chinois. Auxerre et Sochaux ont des actionnaires de cette nationalité. On a les spécialistes de la remontée, Lorient et Landreau ; Troyes, spécialiste des aller et retour entre L1 et L2. Valenciennes peut jouer les trouble-fête, Clermont également car ils disposent d’un bon coach. Le Havre sera toujours là, même s’ils ont perdu Mateta leur buteur. Brest et Jean Marc Furlan seront aussi dans la course. Jean-Marc est un pro de la montée. Le championnat s’annonce très serré. Le départ sera très important. »
Vous êtes un ancien du Paris Football Club, et vous dites qu'ils seront là...
« Le Paris Football Club n’est pas un petit club. Ils appartiennent au groupe Vinci. Ils ont des moyens. Ils ont à la tête du sportif un homme compétent, Pierre Dréossi. Ils ont acheté 20 hectares à Orly pour créer leur centre de formation. Ils ont en train de construire le deuxième club de la capitale. Ils ne vont pas vouloir concurrencer le PSG, ils vont vouloir finir dans les 7 premières places de Ligue 1. Ils ont pris Mecha Bazdarevic comme coach. Un spécialiste de la montée. Le championnat s’annonce serré. »
Le football de Ligue 2 est-il particulier ?
« Je n’ai jamais aimé les propos tenus sur la Ligue 2. Non, ce n’est pas guerrier ; non, ce n’est pas plus physique que cela. Il faut simplement jouer juste pour les éviter. En Ligue 2, la technique est un peu moins importante. La gnac et l’intensité sont plus à prendre en compte. Il faut savoir que l’on monte avec des vieux. Il ne faut pas l’oublier. L’épine dorsale de l’équipe doit avoir de l’âge, de l’expérience. Vous pouvez mettre les jeunes sur les côtés. Vous ne pouvez monter avec des jeunes, seulement si vous avez une génération exceptionnelle. Lens a pris des joueurs comme Leca, Radovanovic, Tahrat, Mesloub, des joueurs qui ont de l’expérience. Il leur manque l’attaquant d’expérience, le joueur qui fait la différence. Je pense que c’est la règle du foot. Je n’ai rien inventé ! »
Propos recueillis par Pascal Guislain (RBM 99.6FM) pour MadeInLens
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