Exclu MadeInLens - Robert Nouzaret : Philippe Montanier, « c’est le bon choix pour le RC Lens ! »
Désormais à Montpellier, Robert Nouzaret a connu une longue carrière de joueur (Lyon, Bordeaux, Montpellier, Gueugnon et Montpellier) puis d'entraîneur qui l'a menée de Montpellier à Lyon, à Caen, en Côte d'Ivoire, à Saint-Etienne, Bastia, de nouveau à Montpellier, à Alger, en Guinée et en République Démocratique du Congo.
Lors de son passage à Caen en 1988-1990, c'est là que Robert Nouzaret dirige Philippe Montanier, alors gardien de but numéro 2 du club normand, et ses prestations l'amènent à en faire un titulaire. A Saint-Etienne en 1998-2000, les deux hommes se retrouvent et leur complicité amènera Robert Nouzaret à appeler Philippe Montanier dans son staff à Toulouse, en Côte d'Ivoire et à Bastia, l'amenant vers sa carrière d'entraîneur.
En exclusivité pour MadeInLens, Robert Nouzaret évoque ses liens avec le nouveau coach des Sang et Or, sa personnalité, estimant qu'il est l'homme qu'il faut pour diriger le club lensois.
Vous connaissez bien Philippe Montanier, le nouvel entraîneur du RC Lens...
« Je le connais bien parce que, quand j’ai entraîné Caen, je l’ai eu comme gardien dans mon effectif. Il était le gardien numéro 2. Après un stage en Angleterre, lors de rencontre amicale, je l’ai trouvé au-dessus de la moyenne. Il savait s’imposer dans les duels aériens. Il est devenu titulaire au retour de ce stage. Il a toujours répondu à mes attentes et ne m’a jamais déçu. J’ai donc naturellement fait appel à lui quand j’ai eu besoin d’adjoint : quand j’ai dû composer un staff technique, j’ai naturellement pensé à lui… Je l’avais revu à Saint- Etienne où il occupait un poste de numéro 3 à sa fin de carrière. Quand je suis arrivé à Toulouse, il me fallait composer une équipe autour de moi. J’ai pris Philippe Montanier avec moi à Toulouse, puis il m’a accompagné à Bastia et à la tête de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. »
En tant que gardien, comment était-il ?
« A Caen, j’avais deux gardiens différents, Michel Bensoussan et Philippe Montanier. L’un était grand, l’autre plus petit. Philippe avait pour lui une détente exceptionnelle et compensait donc son manque de centimètres, ce qui lui avait fait gagner la place de numéro 1. Lors du stage en Angleterre, sur les coups de pied arrêtés, dans sa surface, dans les duels, il faisait la loi face aux Anglais et avait largement soulagé sa défense. C’était pour moi une référence. Il est devenu titulaire. »
Comme joueur, avait-il une mentalité particulière ?
« C’est un gars sain, dans tous les points de vue., un gars que l’on adore avait dans son équipe. Un gars intelligent, ce qui ne gâte rien… Il a aussi cette capacité à sourire et à fédérer, autant en tant que joueur qu’en tant qu’entraineur. Il aime faire des blagues, ce qui lui permet de détendre l’atmosphère. Il a un état d’esprit que je souhaite à de nombreux staff technique. Avoir un tel numéro un est un plaisir. »
Avant de prendre en main sa propre équipe, il a eu des missions avec vous…
« Il a commencé à être entraîneur des gardiens. Petit à petit, il a pris sa place au sein du staff. Il a évolué et pris en charge les analyses vidéo. J’ai senti chez lui une envie de s’investir et de vouloir toucher à tout. Je me doutais que ce poste d’adjoint n’était qu’une étape avant de prendre en mains sa propre équipe. »
Pas de surprise quand il a pris en main l’équipe de Boulogne ?
« Non, pas du tout. Je sais qu’il n’a pas choisi la solution de facilité en s’installant dans un club de CFA. Arriver dans un club comme Boulogne est une excellente formation. Il fallait tout faire : il fallait prendre ses marques et s’affirmer. C’est ce qu’il a su faire, rapidement. Quand on est un ancien joueur pro, il n’est pas facile de prendre tout de suite une équipe au plus haut niveau. Il faut savoir prendre la place, s’installer, prendre ses marques. Quand on est au bas niveau, on peut tenter, prendre de l’expérience, assimiler certaines valeurs pour reproduire plus tard, plus haut. Comme tout ancien pro qui arrive dans un club amateur, il a dû apprendre à tout faire. Ce n’est pas quand on arrive dans le milieu pro que l’on peut tenter des expériences. En allant à Boulogne sur Mer, il a dû mettre les mains dans le cambouis. Je crois qu’il a choisi une bonne voix, la bonne trajectoire. »
Quand vous l’avez appelé pour vous rejoindre à Toulouse, quelle qualité lui avez-vous reconnu à ce moment-là ?
« Il n’est pas venu directement chez moi. Quand je l’ai appelé, il devait devenir directeur général du Stade Malherbe de Caen. Il y est resté un mois. Comme cela ne s’est pas bien passé, il est revenu me voir à St Etienne, au moment où je devais arrêter. Didier Couécou, le directeur sportif du TFC m’a donné la mission de prendre en main l’équipe. Gérard Soler, mon adjoint n’était pas libéré par l’ASSE. J’ai donc dû repartir de zéro et recomposer un staff. J’ai donc proposé à Philippe de venir avec moi… Notre aventure commune a commencé comme cela. »
Comment qualifieriez-vous Philippe Montanier ? Un collègue, un copain, un ami ?
« C’est un ami. Malgré la différence d'âge, c’est un ami. Nos épouses s’appellent au téléphone, se rencontrent. Nous avons désormais des relations différentes que celles professionnelles. C’est un ami. Il y a longtemps que nous avons dépassé le stade de la simple relation. Philippe Montanier est une personne agréable à vivre, souriante en dehors du terrain. Philippe est un gars jovial, sympa, capable de faire des blagues mais aussi de beaucoup bosser. »
Sa trajectoire en tant qu’entraineur était rectiligne jusqu’à son aventure espagnole…
« La vie d’un entraîneur n’est jamais rectiligne. Il n’hésite pas à prendre des risques. Ses aventures en Espagne et en Angleterre en sont la preuve. Il a osé quitter un milieu douillé et aller voir un autre football. Il a osé aussi passer de Ligue 1 à Ligue 2. Son aventure en Angleterre a été sa première expérience malheureuse. Il en faut. Cela forge un caractère. Cela permet d’être plus fort et de progresser. Philippe a eu l’intelligence de profiter de ce temps mort pour travailler à la DTN, de ne pas perdre son temps et d’apprendre par une nouvelle aventure. Philippe est de nouveau prêt, il est tout neuf pour un nouveau défi. Il est encore plus fort qu’avant sa précédente expérience. »
Sa réussite dans le Nord de la France plaide pour lui…
« J’allais le dire. Il a réussi à Boulogne sur Mer, il a réussi à Valenciennes. Il a réussi avec la mentalité particulière des gens du Nord. Ne dit on pas jamais deux sans trois ? Le RC Lens est un club qui lui ressemble. »
Que peut-il apporter au RC Lens ?
« Son atout numéro un est son expérience. Il n’est plus le novice qu’il était quand il est arrivé à Boulogne sur mer. Il va tout de même devoir repartir presque de zéro, puisqu’il arrive après une saison difficile. Il va falloir recomposer une équipe, un effectif, un staff technique. Son expérience, ses réussites et ses coups durs lui permettront de faire face aux difficultés. Philippe a la mentalité adaptée à ce style d’environnement. Je pense que Lens est plus adapté à sa personnalité qu’un club comme Toulouse. Je vous confirme que Philippe Montanier a bien failli rejoindre le RC Lens la saison dernière. »
Que devenez-vous ?
« J’ai eu la tâche, par le regretté Louis Nicollin de refondre la cellule de recrutement du centre de formation. C’était il y a deux ans. Je poursuis cette tâche à 75 ans bientôt ! Je me régale. Travailler dans un tel environnement est le remède contre l’âge et un excellent médicament pour rester jeune. »
Comment vit-on sans Louis Nicollin dans le club ?
« Certains n’ont pas encore réalisé qu’il n’est plus là ! Il a laissé un vide qu’il va falloir combler. »
Pour terminer, un avis sur la venue de Philippe Montanier ?
« C’est le bon choix pour le RC Lens ! »
Propos recueillis par Pascal Guislain (RBM 99.6FM) pour MadeInLens
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