Exclu MadeInLens - Mickaël Debève : « 1997-98, une très belle saison du RC Lens qui a marqué les esprits »

Michael Debeve RC Lens 04
Arrivé au RC Lens à l'été 1994 en provenance de Toulouse et sous le maillot lensois jusqu'en 2002, Mickaël Debève reste l'un des héros de la saison 1997-1998, avec le titre de champion de France, et surtout le buteur de Wembley, lorsque les Sang et Or s'imposent face à Arsenal en Ligue des Champions et deviennent la première équipe française à s'imposer en Angleterre.

En exclusivité pour MadeInLens, le nouvel adjoint de Philippe Montanier revient sur ses souvenirs de cette saison et de ces moments extraordinaires où le groupe lensois, soudé et uni, dirigé par Daniel Leclercq, avait décroché le Graal, le premier titre de champion de l'histoire du Racing Club de Lens.

De quoi te souviens-tu à propos du titre ? Déjà 20 ans…

« Cela passe très vite. On n’est plus tout jeunes ! Je pense que c’est encore très présent dans la mémoire de tout le monde, dans la mienne aussi. Quand j’étais à Toulouse, il n’y avait pas une semaine sans qu’il y ait quelqu’un qui m’en parle. Ce sont des choses qui ont marqué tout le monde, ma famille également puisque mes enfants sont nés à Lens et ont connu ce titre-là. C’est un grand souvenir qui est encore très présent dans la mémoire des gens. »

Quand tu avais signé à Lens, pensais-tu que le club pouvait t’amener ce titre-là ?

« Non, je ne le pensais pas. Quand j’ai au Racing, cela ne faisait que trois ans qu’ils étaient en Ligue 1. Il y avait le club qui était en pleine reconstruction, il y avait beaucoup de jeunes joueurs de talent. On savait que Lens avait le potentiel pour peut-être faire partie du haut de tableau mais c’était un peu utopique de penser qu’on pouvait gagner le championnat. Gagner une coupe, être européen, c’était du réel et vraiment l’objectif. Mais gagner le titre, c’était presque inaccessible. C’était quelque chose d’exceptionnel, avec un groupe exceptionnel avec un mélange de jeunes du centre de formation, et un bon recrutement avec des joueurs cadres. C’était un amalgame de tout cela. »

Beaucoup de gens disent que Stéphane Ziani et Anto Drobnjak ont été les éléments déclencheurs qui ont permis au RC Lens de franchir un palier. Es-tu de cet avis ?

« Je pense que c’est surtout le plus qui a permis de faire la différence. Un meneur de jeu, passeur, tireur de coups de pieds arrêtés et buteur. Mais il y avait un groupe qui était déjà bien en place. C’était une valeur ajoutée dans un groupe qui se connaissait bien, qui était complémentaire et terminait quand même européen tous les ans. Il y avait une ossature fiable, et ces deux joueurs-là ont amené le petit plus qui fait qu’on a été beaucoup plus efficaces. »

Y’a-t-il un moment où tu t’es dit : « on peut être champions » ? Ou est-ce au moment où Wagneau Eloi a la balle dans les pieds et que l’arbitre siffle la fin de la rencontre que tu t’en es convaincu ?

« Il y a plusieurs moments importants cette saison-là. D’entrée, on sentait qu’on était capables de gagner n’importe-où. On a énormément gagné à l'extérieur, et chez tous les favoris du championnat. A partir de ce moment-là, on se disait que, si on prenait plein de points à l’extérieur, avec notre public à domicile, on pouvait peut-être faire quelque chose. Le fait de gagner à Marseille, à Paris, à Monaco, on gagnait partout… On était sur trois objectifs, qui ont fait que cela a été une saison pleine : on fait un beau parcours en Coupe de la Ligue, on va en finale de Coupe de France, et le Championnat. Tout était réuni pour que l’on gagne quelque chose, mais on aurait aussi pu tout perdre en une semaine. »

Quelle saison, quand on y repense…

« Oui, c’était une très belle saison qui a marqué les esprits. On se souvient du titre, mais on aurait pu gagner le titre et la Coupe de France, et on est quand même demi-finalistes de Coupe de la Ligue. Donc c’est une saison exceptionnelle. Il n’y avait pas de coupe d’Europe cette saison-là et on avait failli descendre l’année d’avant : tout était au vert pour qu’on fasse une belle saison. On pensait peut-être plus à une coupe qu’au championnat et, au fur et à mesure en prenant les points, en gagnant chez les favoris, tout était permis ! »

Au niveau du groupe, y-a-t-il des joueurs avec qui tu es plus resté en contact qu’avec d’autres ou êtes-vous tous restés proches ?

« On est restés un groupe authentique : j’ai recroisé plus ou moins tout le monde. Peut-être un peu plus particulièrement certains joueurs comme Guillaume Warmuz, Eric Sikora, Cyrille Magnier : ce sont des joueurs que j’ai régulièrement et que je vois assez souvent. Vladimir Smicer également, que j’ai souvent au téléphone. Mais de manière générale, j’ai réussi à revoir tout le monde. On est restés un groupe très marqué par cette histoire-là. On a vécu quelque chose de fabuleux au niveau humain. »

L’exigence de Daniel Leclercq ne t’a pas trop énervé ? Jean-Guy Wallemme qu’il était quand même sacrément casse-pieds, exigeant, toujours avec les mêmes phrases (rires) !

« Il était très exigeant, c’est certainement l’entraîneur le plus exigeant que j’ai eu. Mais c’est aussi celui qui m’a fait le plus avancer et m’a permis de gagner des titres. Quand ça va, que ça marche, qu’on prend des points et qu’on joue régulièrement, ce qui était mon cas, il était exigeant, mais il y a eu les résultats. On ne peut que le remercier et le féliciter, parce qu’il a su nous pousser. Il ne faut pas oublier que, l’année d’avant, à dix journées de la fin, on a failli descendre. Heureusement qu’il était arrivé avec Roger Lemerre et qu’il a remis de l’ordre dans la maison ! Il a fait confiance à ce groupe de joueurs qui était en place et, avec cette plus-value apportée par Stéphane Ziani et Anto Drobnjak, on a été champions. Ce n’est pas pour rien, tout était réuni. Le club se structurait, Bollaert et les supporters étaient fantastiques, ce groupe de joueurs et le staff qui était très complémentaire et nous a poussés, qui nous a fait nous surpasser. Daniel Leclercq a une grosse part de responsabilité là-dedans. »

Y’a-t-il un moment particulier, un but, une passe décisive, un petit truc dont tu te souviens particulièrement ?

« Il y a plein de souvenirs. Je pense que certains l’ont déjà raconté : à une quinzaine de journées de la fin, Daniel Leclercq nous a réunis dans le vestiaire, un peu en colère, et nous a demandé si on se sentait capables d’être champions. J’avais été un des premiers à parler avec Frédéric Déhu par rapport à l’ordre des casiers, dans l’ordre de passages (rires), j’avais dit oui. C’était un peu farfelu : on avait une dizaine de points de retard à ce moment-là, et, quand tout le monde a dit « oui, on est capables d’être champions », c’était un moment fort. On sentait que ce groupe était capable de renverser des montagnes, de gagner quelque chose et on était à ce moment-là sur les trois objectifs. Dix journées plus tard, on était champions. C’était un moment fort… C’est facile de le dire maintenant. On l’a dit et on l’a fait. C’était Frédéric Déhu qui l’a dit en premier, je l’ai dit en deuxième. Après, cela a enchaîné et on a vu que ce groupe y croyait : c’est ce qui a été fabuleux. On était certainement les seuls avec l’entraîneur à penser qu’on pouvait être champions. »

Je me rappelle d’un match où tu as marqué dans les arrêts de jeu sur un coup-franc…

« Je m’en souviens vaguement, je me souviens notamment de quelques buts de l’année du titre. J’ai tout gardé en mémoire, je ne me suis pas trop repassé, j’ai encore tout en tête. Je sais qu’il y a eu tellement de moments fabuleux… Je n’ai pas beaucoup marqué lors de mon passage au RC Lens, seulement deux ou trois buts par an mais ça suffit amplement à mon bonheur. »

Propos recueillis par Pascal Guislain (RBM 99.6FM) pour MadeInLens


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