En plein dans le MiL : le bilan des débuts d'Alain Casanova

Alain Casanova RC Lens 10
Après le comparatif entre le RC Lens saison 2015-16 et celui de 2016-17, MadeInLens.com débute sa série de bilan par secteur lors de cette trêve hivernale. Et nous commençons par le staff technique avec, notamment Alain Casanova, arrivé en juin dernier au club lensois et qui a succédé à Antoine Kombouaré, parti à Guingamp après trois saisons en Artois. 

Guillaume et Thomas, de l'équipe MadeInLens, livrent leur avis sur les six premiers mois de l'entraîneur des Sang et Or.

L'avis de Guillaume : 

Le changement de technicien s’est accompagné d’un changement de mode de gestion sportive. Si Kombouaré ne voyait que par l’équipe première, qu’il conduisait d’ailleurs de main de maître en meneur d’homme qu’il a toujours été, Casanova a d’emblée appréhendé le club dans l’ensemble de ses composantes. Parti pour installer son 3-5-2 fétiche, il a alors souhaité que les jeunes et la CFA travaillent ce système tactique pour mieux l’incorporer. L’ancien gardien de but rétablit également la confiance et le dialogue avec Jocelyn Blanchard et la cellule de recrutement. Bien aidée par des finances enfin compatibles avec un recrutement onéreux, cette cohésion retrouvée va permettre de mener un marché des transferts réussi (Bostock, Fortuné, Hafez…) en s’appuyant sur le scooting des recruteurs lensois.

Dans le jeu, ce nouveau schéma tactique, bien que plein de promesses, tarde à donner sa pleine mesure, et le manque de repères, notamment défensifs, font parfois passer des sueurs froides dans le dos des supporters Sang et Or durant les premiers matchs. Néanmoins, une certaine épine dorsale commence à prendre forme et les hommes sur qui Casanova va pouvoir s’appuyer se dévoilent. Adepte d’un jeu de possession au milieu avec des joueurs qui pistonnent dans les couloirs, le technicien lensois revoit sa copie un soir de septembre à Bollaert, alors que le promu orléanais mène 2-1 à la pause. Tancé par le public qui commence à s’impatienter, Casa opte pour un 4-4-2 à plat. Il ne le quittera plus.

Alain Casanova RC Lens 08Depuis, ses joueurs ont en effet trouvé un équilibre entre la projection vers l’avant et la sécurité défensive, avec la possession de balle comme fil conducteur. Cette possession, parfois outrageuse, se montre par moments stérile, mais crée le plus souvent des différences et des décalages. Agréables à voir jouer, les hommes d’Alain Casanova peinent encore à convertir ces intentions en nombreuses occasions. En revanche, le ratio occasions créées/converties est très correct, ce qui valide et le travail devant le but la semaine, et la complémentarité trouvée entre les hommes de base du nouveau dispositif.

Ces hommes de base restent les mêmes, semaine après semaine en championnat, la part laissée au turnover étant réduite à sa plus simple expression. A la limite, pourquoi changer une équipe qui tourne bien et qui joue ensemble de mieux en mieux ? Casanova a la chance de pouvoir s’offrir cette stabilité, l’équipe étant pour le moment épargnée par les blessures (hormis Fofana que l’on n’a toujours pas pu juger). En revanche, qu’adviendra-t-il lorsque blessures et suspensions viendront grever l’effectif, lorsque la CAN nous privera de quelques éléments en janvier ? De plus, la fraîcheur physique pourrait à terme pâtir d’un manque de rotation dans l’équipe. Sur le système, l’entraîneur lensois croit en ses convictions et garde le cap avec ce 4-4-2 offensif qui offre du spectacle à l’extérieur, et plus épisodiquement à domicile. Ses choix de coaching, parfois discutables, n’ont pour le moment fait basculer que peu de situations en faveur des Sang et Or. A sa décharge, le banc de touche, amputé des lofteurs habituels, semble un peu léger actuellement.

Le bilan de ces six premiers mois d’Alain Casanova reste globalement positif. S’appuyant sur un recrutement intéressant, il a su donner une vraie identité à son équipe. Une identité faite de possession et de jeu, ce qui n’est pas pour déplaire aux supporters, sevrés depuis trop longtemps de tels arguments. La force collective de cette équipe est indéniable, et l’ambiance qui y règne traduit bien l’état d’esprit positif qu’il a su insuffler. Fort de cette première moitié de saison encourageante, on est en droit d’être encore plus exigeants envers Casanova et ses joueurs, qui restent perfectibles dans la gestion de leurs temps forts. Quelques retouches lors du prochain mercato pourraient y aider.

L'avis de Thomas :

Après trois ans de direction par Antoine Kombouaré, le RC Lens a découvert un nouvel entraîneur en juin dernier. Après 15 mois d'inactivité, Alain Casanova revenait en piste au RC Lens et, sur bien des aspects, ses premiers mois chez les Sang et Or sont positifs. Je ne reviendrai pas sur les éléments tactiques que Guillaume évoque ci-dessus car je partage cet avis.

Alain Casanova RC Lens 01De ces premiers mois au RC Lens, je pointe du doigt quelques éléments qui me chagrine. La gestion du groupe et de certains joueurs m'interroge car, malgré des prestations honnêtes en réserve, certains (Patrick Olsen notamment) n'ont pas eu une chance de montrer leurs qualités en Ligue 2 (ou en Coupe). De même sur les compositions d'équipe : pourquoi s'entêter avec autant de milieux de terrain sur le banc des remplaçants ? Pourquoi ne pas équilibrer davantage les possibilités tactiques et de remplacement en cas de blessure ? A Marcq en Coupe de France, la blessure rapide d'Anthony Scaramozzino a contraint Alain Casanova à une bricolage, en plaçant Jean-Ricner Bellegarde en latéral droit. Contre des amateurs en Coupe de France, ça passe, mais quid de la Ligue 2 ?

Je pointe aussi du doigt la communication mise en place dès le début. Alors que le club était repris par Solférino et se donne deux ans pour remonter, le nouveau coach martèle d'entrée son objectif unique : la montée en Ligue 1, ce qui a pu amener une pression bien plus forte sur son effectif.

Le début de saison montre aussi quelques lacunes, heureusement comblée par un dernier jour de mercato actif et plutôt réussi. Certes, il a mis quelques semaines à trouver son système et son équipe, mais dès septembre, le passage en 442, la promotion d'un Jean-Kévin Duverne, le replacement de la paire Bostock - Bourigeaud à leur bon poste (et non en "fausse patte"), le travail sur les coups de pied arrêtés, le jeu finalement assez offensif... Il ne manque que quelques victoires au stade Bollaert-Delelis pour que ce bilan soit bien meilleur encore.

En dehors de ces éléments, le bilan d'Alain Casanova s'avère positif, dans un club qui, extrasportivement, s'avère plus sain et moins tourmenté que par le passé. Ce qui me plaît, c'est de sentir cet entraînement complètement investi dans ses missions, s'intéressant à tous les domaines, intégrant plusieurs jeunes dans son groupe, suivant à la formation (lorsque son prédécesseur n'a quasiment jamais vu jouer la réserve et les jeunes et ne connaissait pas la plupart du staff de la Gaillette)... On le sent heureux d'être là et au sein de son groupe, et c'est assez rafraîchissant.

Reste à confirmer sur la deuxième partie de saison avec, si possible, une montée en Ligue 1.


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