Quel bilan tirer du passage d'Antoine Kombouaré au RC Lens ?
Le 30 juin prochain, l'aventure d'Antoine Kombouaré au sein du RC Lens devrait prendre fin. Après trois saison passées dans le Nord, une page se tournera pour celui qui aura parfois brillé, tantôt sombré dans son rôle d'entraîneur du club lensois.
Quel bilan tirer de cette expérience tant atypique que pittoresque du coach Sang et Or ?
Pumador et Thomas V, rédacteurs sur MadeInLens, livrent leurs points de vue.
L'avis de Pumador :
Il faut dire que lors de son arrivée en Artois en 2013, Antoine Kombouaré avait de quoi saliver devant le projet qui s'offrait à lui. L'organigramme du RC Lens est à ce moment-là bouleversé avec l'entrée en fanfare de l'Azéri Hafiz Mammadov en tant que (co)propriétaire du club, et surtout avec un sacré apport financier permettant la survie du club dans le monde professionnel du football. L'ancien technicien du PSG peut alors, grâce à une enveloppe budgétaire satisfaisante, bâtir son équipe en vue d'une accession au sein de l'élite.
C'est une mission pleinement accomplie, puisque les Sang et Or terminent deuxièmes du championnat derrière le FC Metz. Kombouaré est alors porté aux nues par les supporters lensos, qui déjà l'avaient plebiscité lors de sa nomination à peine un an auparavant.
La saison dernière, alors que Lens retrouvait la Ligue 1, l'entraîneur lensois a dû faire face - ou plutôt dû subir - la situation financière critique du club. Quelques départs, mais surtout aucun recrutement. Le coach Sang et Or a donc composé avait une équipe affaiblie par rapport à la saison précédente, mais surtout trop jeune et inexpérimentée pour espérer lutter et garder sa place dans l'élite. Entre blessures en cascades, méforme et usure de joueurs clés, Antoine Kombouaré ne pouvait qu'être spectateur de la longue descende aux enfers de son groupe.
Difficile alors en tant que supporter, de juger de ses choix tactiques ou de son onze de départ. Un sentiment de compassion a alors animé l'ensemble des supporters à l'égard de cet homme dépourvu de toute arme.
Alors que le rideau de cette saison 2015-2016 tombera dans quelques semaines, le RC Lens est toujours en lice pour s'emparer de la troisième place synonyme de remontée en Ligue 1. Bien que cela va s'avérer compliqué, il faut dire que c'est tout de même miraculeux de voir le club figurer pami les premiers de la compétition, alors que pourtant tout démarrait mal l'été dernier.
Contrarié par un budget transfert plafonné à … zéro euro, Kombouaré dû bidouiller pour construire une équipe compétitive.
Mais c'est sans prendre de gants qu'on ne pourra qualifier son recrutement de partiellement raté, avec Guirane N'Daw, Christian Bekamenga et Stéphane Besle pour le pas les nommer, qui n'auront pas réussi à tirer le RC Lens vers le haut. Même si à côté de cela, certaines autres recrues ont donné satisfaction à l'image d'un Patrick Olsen, Mathias Autret ou d'un Jordan Ikoko.
Côté tactique, des choix décousus ou incompréhensibles auront eu de quoi nous faire bondir à plusieurs reprises cette saison.
Parallèlement à tout cela, nous ne pouvons que déplorer l'attitude d'Antoine Kombouaré envers les journalistes, allant jusqu'à bannir les jeunes de toute déclaration à la presse, ou bien envers les supporters dont il s'est désolidarisé plusieurs fois, sans parler du faible nombre d'entraînements publics...
Quel qu'en soit l'issue finale du RC Lens à l'issue de la 38e journée, Antoine Kombouaré laissera un souvenir des plus mitigés de son passage dans l'Artois. Bien qu'il ait contribué à une montée en Ligue 1 lors de sa première saison chez les Sang et Or, son attitude aura été parfois (trop) aux antipodes des valeurs que représente le Racing Club de Lens.
C'est un secret pour personne vu qu'il l'avait clairement annoncé en fin de saison dernière : s'il avait eu l'opportunité s'entraîner un autre club lors de l'intersaison, il serait parti sans hésitation et surtout sans l'ombre d'un remord. Qu'il soit rassuré, sa purge du côté de Bollaert s'achèvera dans trois mois, et c'est sûrement l'avis de la plupart des supporters, on ne le regrettera pas forcément.
L'avis de Thomas Vandaële :
Comme Pumador, j'ai le souvenir d'une arrivée tonitruante à la tête du Racing. Eté 2013, le RC Lens, qui végéte en L2 depuis deux saisons avec un niveau de jeu indigne de l'institution qu'il représente encore, est racheté par Hafiz Mammadov, aussi riche que méconnu homme d'affaires azerbaidjanais. Tout le monde se pose la question du bienfondé du projet jusqu'au... lundi 23 juillet de la même année lorsqu'en conférence de presse, supporters et journalistes voient débarquer 6 joueurs calibrés pour la L1 et le fameux Antoine Kombouaré.
Dès lors, l'idole parisienne va devenir en quelques sortes la caution morale d'un projet bancal. Lui qui n'avait eu comme seule expérience depuis son éviction du PSG un exil financier en Arabie Saoudite, revient en France avec l'étiquette d'un entraîneur offensif victime d'une énorme injustice et cherchant donc à prouver qu'il était l'homme de la situation au PSG. Pour rappel, il avait été évincé du projet Qatarien durant la trêve hivernale de la saison 2011-2012 alors que son équipe était en tête du championnat, et ce au profit d'un Carlo Ancelotti qui terminera deuxième de celui-ci.
Dès sa première année sur le banc Sang & Or, il batît (avec, il faut le dire, des moyens bien au-dessus de la concurrence de L2) une équipe programmée pour la montée. Il instaure un 4-4-2 ouvert et joueur, basé sur des joueurs à la réputation solide (Ljuboja, Kantari, Le Moigne, Yahia entre autres), des joyaux à polir (Areola, Tisserand, Salli, Chavarria) et des gars de la maison (Gbamin, Touzghar, Nomenjanahary...). Sur cette première saison, le Racing est rarement plaisant à voir jouer mais souvent d'un réalisme sans pitié, à en juger les quelques cartons inflligés à Auxerre, l'ACA ou Istres. Avec 79 buts marqués toutes compétitions confondues, 23 victoires pour seulement 9 défaites sur ces 3 mêmes compétitions, un beau parcours en Coupe de France et une montée actée à la dernière journée, l'objectif est rempli pour la Kanak.
Sur cette première saison, Antoine Kombouaré s'est forgé un sacré capital sympathie auprès des supporters, ne cessant de souligner leur apport sur les résultats. Lens n'est pas flamboyant ni archi-dominateur et le 4-4-2 d'AK ne convaint pas les masses, mais peu importe, Lens a réussi à retrouver son rang et Bollaert a vu des buts, pas mal de buts !
Seconde saison au Racing pour le coach Kombouaré qui démarre par... une grève ! Blasé du manque de moyen qui entoure le club et des incertitudes sur la présence du Racing en L1, l'entraîneur menace de claquer la porte mais finit par se raviser. Mal lui en a pris à mon goût puisque la saison suivante sera catastrophique pour lui comme pour le club. Des Lensois certes vaillants et qui développent du jeu, mais qui ne survivront pas à une phase retour durant laquelle ils paieront le manque de fraicheur sur le banc, finiront pas redescendre au terme de la saison.
Avec le recul, je ne peux reprocher qu'une seule chose à AK sur cette saison : la gestion du cas Ljuboja. Divorce entamé en fin de saison 2013-2014, le coach et l'attaquant serbe ne s'entendent plus et AK préfère se séparer de l'expérimenté buteur (tout de même 8 buts et 5 passes dé') au profit d'un profil plus jeune qu'ils ne pourront jamais signer. Ce choix est clairement regrettable, notamment lorsqu'à la fin de certains matchs, il aurait fallu garder le ballon pour prendre 1 ou 3 points. J'ai particulièrement regretté son absence lors du match aller face à l'OM où à 1-1, Lens finit par craquer en fin de match, alors qu'un point aurait été un véritable exploit dans ces conditions.
Outre ce souci de management, on peut tout de même goûter le travail de Kombouaré avec un tel effectif, surtout en comparant le niveau de jeu affiché par le RCL à l'époque avec celui du TFC ou de l'ESTAC cette saison, clairement ridicules sur le terrain.
Pressenti pour quitter le navire un an avant la fin de son contrat, Antoine Kombouaré ne trouve pas de nouveau projet exaltant et se contraint presque à continuer l'aventure avec le Racing cette saison. Alors qu'il aurait pu partir en laissant le souvenir aux supporters d'un entraîneur comme rarement nous avons trouvé, il choisit de faire ce qui semblait être jusqu'en novembre sa saison de trop. Lui qui a mis la main sur le mercato foire complétement celui-ci, faisant signer des Bekamenga et N'Daw cramés, et se tire une balle dans le pied dès le mois d'août. En effet, son mercato à ch**r l'empêche de dessiner un schéma de jeu et Lens s'enfonce dans les bas fonds du classement. Enfin décidé à banir les boulets, il permet à son 11 de retrouver un semblant de jeu et de se mêler à la course à la montée.
Cette saison, j'ai quelques trucs tout de même à reprocher au coach AK : sa gestion du cas Taylor Moore, grand espoir du Racing qui ne joue plus du tout, sa gestion du cas Olsen, belle trouvaille qui squatte le banc quand son équipe manque cruellement de justesse technique, son entêtement en début de saison sur les cas Bekamenga et N'Daw qui a coûté une paire de points, et surtout son manque d'empathie envers les supporters quand ceux-ci se sont retrouvés bannis alors même qu'ils l'avaient porté en triomphe pendant deux saisons.
Hormis ces quelques couacs, Lens a effectué l'une des plus belles remontées de son histoire moderne, passant en quelques matchs de l'avant-dernière place aux portes de l'accession en L1, et c'est en grande partie à l'esprit de combattant du Kanak, qui aura réussi à évacuer sa rancoeur pour redonner du souffle et un état d'esprit conquérant à son équipe. Depuis le renouveau de novembre, Lens est à l'image du match sur le terrain du Red Star FC : ça ne joue pas des masses, c'est un peu brouillon, mais c'est conquérant et solidaire, à l'image du coach quoi.
Pour conclure, je reprocherais à AK de n'avoir jamais su donner une forme bien personnelle au schéma de jeu lensois, s'appuyant trop souvent sur 4-4-2 au potentiel inexploité la première saison, puis un 4-3-3 par défaut les saisons suivantes. En tant que communicant, je lui reprocherais également sa gestion calamiteuse des médias, notamment avec l'affaire Domenighetti.
Mais dans l'ensemble, sous son mandat, Lens a retrouvé une équipe un peu plus digne de son passé que lors des 5 saisons précédentes. Le stade s'est rempli et les supporters ont pu apprécier d'avoir une équipe qui mouillait enfin le maillot. Quand tu passes des Wallemme, Bölöni, Papin ou Garcia à Kombouaré, la différence est flagrante. Sur les 10 dernière années, hormis l'intérim de Sikora, j'ai aimé deux coachs à Lens : Gillot et lui-même. A défaut d'avoir un schéma de jeu convaincant, il a créé une équipe de combattants, ce qui est beaucoup plus utile, vue la situation dans laquelle se trouvait Lens en 2013. Pour la L1, c'est différent : avoir des cou***es est une chose, les balader intelligemment sur le terrain en est une autre. Mais globalement, hormis quelques faux pas, je garde une bonne image de ce coach et souhaite réellement qu'il retrouve un challenge sans soucis extrasportifs, sans lesquels il aurait marqué de son empreinte le RC Lens.
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