La Parole à : Daniel Krawczyk (Arras FCF) - partie 1

Daniel Krawczyk RC Lens 04
Après l'ancien Lensois et entraîneur des féminines de Rouvroy Michel Catalano, MadeInLens vous propose une nouvelle interveiw consacrée au football féminin. Cette fois-ci, c'est Daniel Krawczyk, le coach d'Arras FCF qui se retrouve face à nos questions.

Formé au RC Lens, Daniel Krawczyk dispute 238 matchs en Ligue 1 comme milieu de terrain avec les Sang et Or entre 1980 et 1987, avant de rejoindre Nîmes, Metz et Beauvais où il prend sa retraite en 1993. Il débute sa carrière d'entraîneur en 1995 avec Arras pendant deux saisons avant de partir à Béthune entre 1998 et 1999.

En 2000, l'ancien Lensois retrouve son club formateur, où il occupe les postes de préparateur physique et d'adjoint jusque 2007. Après deux saisons à Barlin, il interrompt sa carrière pendant quatre saison avant de revenir à Avion entre 2013 et 2015.

A Arras, Daniel Krawczyk découvre le football féminin au sein d'un club qui a été relégué de Première Division. Visant le maintien, le club arrageois se retrouve en tête de la D2 et peut encore viser la montée dnas un championnat qui sera complètement réorganisé en fin de saison.

Comment êtes-vous devenu entraîneur d’un club de foot féminin ?

« Un concours de circonstance. J’ai eu un appel de René Devienne, l’entraîneur historique, l’année dernière. Je le voyais régulièrement depuis des années. Il m’a approché l’an dernier de manière plus précise. Je n’ai pas dit non. On s’est vu et cela s’est fait. C’était pour moi une expérience à tenter. »

Suiviez-vous le foot féminin avant cette approche ?

« Non, pas vraiment. C’est pour moi une découverte. Je regardais l’équipe de France féminine. J’ai vu Arras PSG à Avion. C’est une opportunité qui s’est présentée. J’avais des contacts avec des équipes masculines. J’ai préféré ce nouveau challenge. »

Comment s’est déroulée votre arrivée à Arras à l'été 2015 ?

« Je suis arrivé sur la pointe des pieds. Je ne connaissais pas. C’est un monde différent même si cela reste du football. Quand je suis arrivé, presque tout le monde était parti. On a dû reconstruire un groupe, une équipe. Je crois qu’il ne restait que 8 joueuses quand je suis arrivé. On s’est mis autour d’une table pour discuter. Deux ou trois filles sont arrivées, et le groupe s’est petit à petit recomposé. »

Comment procède-t-on dans le foot féminin ? On reçoit, comme pour le foot pro, des agents ?

« Il doit bien y en avoir. Mais pas moi, plutôt les autres dirigeants. Je n’en ai pas grand-chose à faire. En foot féminin, on nage dans le monde amateur, pas dans un sens péjoratif, dans le sens où elles ne sont pas rémunérées. Mes joueurs sont la semaine au travail, elles vont à l’école. J’ai un grand respect pour elles. Elles en veulent vraiment. Quand je compare le travail à l’entrainement, leur présence par rapport à certains gars, je ne peux que les féliciter. Il faudrait que beaucoup de dirigeants viennent voir comment nous travaillons. Les filles viennent jouer pour l’amour du maillot, pour le foot. C’est extra à vivre ! Il faut savoir que j’ai des joueuses qui bossent la nuit ! Je découvre à Arras des valeurs que je ne connaissais plus, même dans le monde amateur masculin. Je passe une super saison. Au niveau sportif, venir à Arras est certainement le meilleur choix que j’ai fait de ma vie. »

De quels infrastructures disposez-vous à Arras ?

« D’un terrain ! Un bon. Et après on se débrouille. Surtout l’hiver. Nous sommes au stade Pierre Bolle. Et nos rencontres se déroulent au stade Degouve. Nous avons un accord pour bénéficier du dôme de la Gaillette, mais c’est compliqué pour mon groupe. J’ai des joueuses qui prennent le train et qui repartent en train. Venir à Arras pour aller ensuite à Avion, tout devient difficile. Certains jours, avec les contraintes de chacune, nous ne sommes que 7 ou 8 à l’entrainement. Nous sommes de toute façon, 10 au maximum. J’ai des joueuses au CRAF à Liévin, d’autres font d’autres études. Si nous pouvons utiliser la Gaillette, c’est bien, mais si nous pouvons faire sans, cela permet de gagner du temps ! Laurent Hochart m’attend les bras ouverts ! »

Les moyens du club d’arras sont-ils suffisants pour la Ligue 2 féminine ?

« Je pense. Le club a un certain vécu. Le club dispose d’une excellente équipe de direction. Cela tient la route, vraiment. Si nous disposions d’un peu de moyens en plus, avec deux ou trois joueuses. Cela serait parfait, et cela nous éviterait certaines angoisses. Nos moyens sont limités. On le sait. L’essentiel pour nous consiste à avoir une bonne ossature. »

Daniel Krawczyk RC Lens 01Comment jugez-vous votre effectif ?

« J’ai eu des retours dans le club. Des filles qui ont quitté Arras pour revenir cette année. J’ai un amalgame entre des joueuses jeunes et d’autres expérimentées. J’ai aussi trois joueuses étrangères qui apportent de l’expérience. Mon groupe est composé de 14-15 joueuses. L’ensemble est cohérent. Depuis le début de saison, nous n’avons perdu qu’une rencontre (2 depuis ce week-end, ndlr). Nous en sommes à 14 victoires de suite…certains disent que nous avons beaucoup de chance… Je pense qu’il y a autre chose ou que le cierge que j’ai allumé était très puissant !! Plus sérieusement, dans notre championnat, d’autres équipes ont des moyens nettement supérieurs aux nôtres. Il n’y a pas que de la chance dans cette affaire. Je considère que la seule chance, pour moi, c’est d’avoir ce groupe avec moi. »

Quel était l’objectif cette saison ?

« Le maintien. Nous savions qu’il y avait six descentes. J’avais un effectif totalement renouvelé. Il fallait reconstruire. A six journées de la fin, l’objectif est atteint. Nous pouvons viser plus haut ! »

La montée est-elle envisagée ou envisageable ?

« Nous prenons match par match. J’ai un groupe serré. Si je perds trois joueuses, nous allons être mal. Si l’effectif reste ce qu’il est, je ne dirai pas que l’on va monter, mais nous n’en serons pas loin. On va embêter tout le monde… »

La hiérarchie du foot féminin dans le pas de calais change. Hénin était le premier depuis 30 ans. L’écart grandit de plus en plus.

« Je ne sais pas. Je suis un novice dans le foot féminin. C’est vrai que Hénin sonnait comme foot féminin. La hiérarchie du foot est seulement celle d’une saison. Il ne faut pas porter de jugements hâtifs. Ce qui est bien à Arras, c’est que chacun est à son poste. Le président préside et les entraineurs entrainent. Il vient rarement dans le vestiaire. Il laisse les entraineurs travailler. Il n’interfère pas ! »

Que pensez-vous de la réorganisation de la seconde division féminine ?

« Une chose est certaine, le championnat sera resserré et le niveau ne pourra que s’améliorer. Six descentes, cela fait beaucoup tout de même ! Si cette nouvelle formule peut amener du spectacle et des spectateurs, tant mieux. Toutefois, je trouve que 6 descentes, c’est beaucoup. Même si je suis leader actuellement. Je me mets à la place de ceux qui sont en bas de classement. Cela ne doit pas être facile. »

Propos recueillis par Pascal Guislain pour MadeInLens


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