Les «guerriers» de Jimmy Adjovi-Boco arrivent!
Après plusieurs années passées au RC Lens, Jean-Marc Adjovi-Boco quitte le Nord de la France et rejoint l’Ecosse avant de raccrocher complètement les crampons.
Pour autant, le défenseur béninois ne quitte pas le football et s’investit dans un projet de création d’une école du football.
En compagnie de Bernard Lama et l'entrepreneur Saer Seck, leur école à un but: « rendre au football ce qu'il a pu nous donner, mais aussi répondre à la problématique des flux migratoires de jeunes footballeurs africains, qui viennent en Europe en prenant des risques inconsidérés », explique-t-il.
Ainsi, né l’école «Diambars», un terme wolof qui signifie « guerriers ».
« Pour nous, la réponse était d'avoir sur le continent africain des infrastructures et des entraîneurs de qualité, afin de donner l'envie aux jeunes de rester chez eux, d'apprendre avec leur culture et de grandir ici. »
La construction débute en 2003 à Saly, au sud de Dakar. En quelques années, Diambars devient un club professionnel et intègre la deuxième division en 2008, puis obtient la montée au terme de la saison 2010-2011. A la mi-août, les « guerriers » sont sacrés champion avec un effectif intégralement formé au club mais aussi un style bien à eux et qui attire les regards.
« On a un style, on a une volonté de jouer. On cherche à avoir un football pensé et réfléchi. »
Mais Diambars ne réussi pas uniquement sur le plan sportif. En effet elle montre une solidité d’un point de vue financier qui est basé sur trois piliers fondamentaux :
des indemnités de formation (à hauteur de 300 000 €) lorsqu'un Diambars passe professionnel, des infrastructures qui accueillent des colonies de vacances, des séminaires, des stages ou encore des événements de la Fifa et, enfin, du sponsoring de grandes entreprises comme Adidas ou EDF.
« En terme d'image pour un pays, c'est très positif. » Le football est un « levier intéressant » pour changer l’image économique de l’Afrique.
Diambars rassemble ainsi 85 salariés, tous inscrits dans le paysage local. La suite, c'est une coopération avec l'Europe.
« Au départ, on a été financés par des fonds européens et français. Mais nous sommes vraiment dans un état d'esprit de coopération et non de dépendance. À partir des projets réalisés, aujourd'hui, on réussit à adapter des programmes pédagogiques pour qu'ils soient donnés en France. »
Toutefois, le centre de formation n'est pas qu'un projet sportif qui aurait trouvé son modèle économique. Jimmy Adjovi-Boco tient à le rappeler :
« On essaye de faire de Diambars "plus qu'un centre de formation". C'est une école de vie et une école de champions – pas seulement pour le sport, mais aussi dans la vie. »
Le terme d'institut n'est alors jamais très loin, comme pour mieux distinguer Diambars des autres. Ici, les jeunes sont recrutés sur critères sportifs, mais ne sont pas laissés de côté si leur potentiel n'est pas à la hauteur des premières espérances. Le cursus de sport-études s'adapte.
Adjovi-Boco explique cela par la volonté de départ. « On s'est dit : "Qu'est-ce qu'on voudrait, nous, pour nos propres enfants ?" On veut qu'ils réussissent leur vie et pour cela, ils doivent être éduqués et instruits. Le foot n'est qu'un moyen » et la professionnalisation n'est pas le seul débouché.
La priorité reste donc que Diambars reste avant tout une école.
« On a un cursus scolaire normal. La réussite scolaire et la réussite sportive sont sur un pied d'égalité. »
Et la recette est gagnante! L'école affiche l'un des meilleurs taux de réussite au brevet et au baccalauréat dans le pays. Adjovi-Boco souligne deux exemples emblématiques pour illustrer l’ambition et la réussite de son projet.
« Aujourd'hui, Idrissa Gueye fait partie de l'équipe professionnelle du LOSC. À Arras, un jeune de Diambars est premier de sa classe de première… Alors qu'il est arrivé sans savoir lire, ni écrire, ni parler français. »
Par ses valeurs, par son modèle et par son accompagnement total, Diambars offre plus qu’une formation de footballeur aux jeunes. Un joueur passé par le centre l'est pour toujours. Cela devient une part de son identité. Idrissa Gueye lui-même se dit prêt à prendre la place d'Adjovi-Boco.
Avec humilité, le centre de formation compte montrer l'exemple et participer à l'émergence de nouveaux projets.
«Que d'autres puissent éclore, dans l'intérêt de tous », espère Jean-Marc Adjovi-Boco.
Et puis la saison prochaine, il y a une nouvelle compétition qui s'annonce : la Ligue des Champions africaine.
« Une autre étape pour faire progresser nos jeunes. On a encore beaucoup de travail. »
Une chose est certaine, les guerriers vont s’exporter vers l’Europe.
Source:sofoot.com
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