Carrière : « J’avais été charmé et je ne regrette pas d’être parti là-bas »
A l'occasion d'une interview accordée au site Hors Format (qui nous a autorisé, en exclusivité, à utiliser cette interview), Eric Carrière revient sur son arrivée à Lens, les raisons de sa venue en Artois et les difficultés rencontrées en 2004-2005 avec le remplacement de Joël Muller par Francis Gillot.
Reprenons le fil de votre parcours. A l’été 2004, vous signez à Lens qui est alors réputée comme étant une équipe très physique.
Oui, l’idée était alors de changer cela.
Vous étiez la première pierre de l’édifice.
C’est ça. Nicolas Gillet, Hilton et Jérôme Leroy sont ensuite arrivés. C’est principalement Gervais Martel qui est venu me voir et qui m’a convaincu. Je ne jouais plus beaucoup. Je voyais bien que Diarra et Essien étaient très costauds. Juninho était toujours très fort. J’ai donc choisi un nouveau challenge auprès de Gervais qui a une vraie capacité à fédérer autour de lui. J’avais été charmé et je ne regrette pas d’être parti là-bas. C’est plus la façon dont tout s’est goupillé qui a été difficile. En 2004, on a bien débuté avant de s’effondrer. Très vite, l’équipe a décidé d’arrêter de jouer. Ça, c’était très fort. Quand tu entends ça dans un vestiaire…
Ce sont des propos qui ont été tenus par l’entraineur de l’époque, Joel Muller ?
Non, par les joueurs. C’est quelque chose qui arrive souvent. « On joue trop ». J’interviens, je leur dis : « Ecoutez les gars, si demain on joue moins au ballon et qu’on obtient des résultats de manière certaine, pas de problème ». Mais où tu as vu ça (sourires) ? En étant formé à Nantes et en ayant toujours entendu : « Si tu joues au ballon, tu as plus de chances de l’emporter même si cela ne veut pas dire que tu vas gagner à chaque fois », cela fait drôle.
A Lens, vous avez parfois été positionné milieu droit. Presque en véritable ailier. Comment était-il possible de vous aligner à ce poste alors que vous n’aviez pas les qualités de vitesse nécessaire pour cela ?
Lorsque Francis Gillot est devenu l’entraîneur, il a rapidement mis en place un 4/4/2 avec deux joueurs excentrés. C’est pour cela que j’ai peu joué dans l’axe.
On va évoquer l’un des moments les plus difficiles de votre carrière. En janvier 2005, vous affrontez Istres à Bollaert. Vous êtes victime d’insultes et même d’un crachat venant de la tribune Marek. Que ressentiez-vous à ce moment-là ?
Tu vois, j’avais presque oublié (sourires). Là, je saturais. Je prenais les évènements très à cœur lorsque cela ne se passaient pas bien. C’est un côté, chez moi, qui a pu me desservir durant ma carrière. Disons que ça ne m’aidait pas dans mes prestations. En plus, j’avais été capitaine dès mon arrivée à Lens. C’était une erreur, la mienne aussi.
C’est intéressant car, en préparant cet entretien, j’avais noté que vous aviez pris tous les maux du club sur vous à cette période. Que ce soit la crise sportive, les conflits avec une partie du public…
Oui, et puis, tu arrives dans un nouveau club, certains joueurs sont là depuis longtemps… Ça rejoint ce que nous disions tout à l’heure concernant les mentalités de chacun. Ça ne fait pas forcément corps dans une équipe. C’était compliqué car je me mettais la pression. Autant, en cas de victoire, je ne suis pas du style à vouloir obtenir toutes les louanges des gens, autant lorsque l’on perdait, je me sentais responsable, je m’en voulais de ne pas apporter plus. Je me disais qu’il fallait que j’assume.
Dans la période de saturation que vous décrivez, songe-t-on à partir ? Voire à mettre un terme à sa carrière ?
Non, non. Partir, oui, ça aurait pu être une possibilité si on me l’avait demandé. Ce qui était difficile, c’est que j’étais arrivé à un niveau où je subissais tellement les évènements que je n’étais pas bon. Et je savais que le match d’après, je ne serai pas bon non plus. Il faut un peu de temps avant de pouvoir relever la tête.
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