La Parole à : Eric Carrière
Cette saison sur MadeInLens.com, nous vous proposons notre rubrique "La Parole à :" qui vous permet de retrouver des interviews que nous réaliserons régulièrement dans les semaines et mois à venir. Après Benjamin Bourigeaud, Hans van der Mey et Pierre des Red Tigers, c'est un ancien joueur du RC Lens, international et désormais consultant pour Canal+ qui nous a accordé une interview exclusive.
En effet, c'est Eric Carrière qui a accepté de se prêter au jeu et de répondre à nos questions. Arrivé en Artois à l'été 2004, le milieu de terrain a disputé 133 rencontres avec les Sang et Or jusqu'à l'été 2008 et son départ pour Dijon. Pour MadeInLens, il revient sur ses souvenirs du RC Lens, évoque l'actualité du club lensois et l'évolution du football ces dernières saisons.
Tout d’abord, comment vas-tu ? Les fêtes se sont-elles bien passées ?
Très bien. J’ai passé quelques jours en Aveyron avec ma famille et le reste chez moi à Dijon.
Quels sont tes meilleurs souvenirs sous le maillot lensois ?
Même si cela peut paraître paradoxal, mon meilleur souvenir reste la finale de la Coupe de la Ligue certes perdue (ndlr : 29 mars 2008, Paris 2-1 Lens) mais qui aura procuré énormément d’émotions ce jour-là.
Justement, quels sentiments gardes-tu de cette défaite en finale de Coupe de la Ligue avec notamment des faits de jeu discutables ?
Oui, il y a quelques faits de jeu discutables, notamment le pénalty, mais cela fait partie du football et des aléas. Parfois, cela sourit et, d’autres fois, cela sourit moins et, ce soir-là, ça ne nous avait pas souri. Mais face à une équipe de Paris, qui était aussi une bonne équipe. C’est dommage car ça aurait pu basculer pour nous en deuxième période. On a eu un temps très fort. Mais globalement cela reste un bon souvenir avec le fait d'avoir amené autant de monde au stade de France. Certains disent qu’ils préfèrent perdre avant la finale que perdre en finale. Mais une finale, c’est quand même beau à jouer et ça n’arrive pas tout le temps dans une carrière de joueur. J’ai eu la chance de remporter deux Coupes de France et, malheureusement, je n’ai pas gagné la Coupe de la Ligue ce soir-là.
Même si tu es plus habitué à analyser les rencontres de Ligue 1, suis-tu le championnat de Ligue 2 ? Que penses-tu de la première partie de saison du Racing Club de Lens ?
Je suis petit peu la Ligue 2 mais pas énormément. Je suis très pris par la Ligue 1 et, quand je rentre en famille et notamment quand je suis chez moi le vendredi, j’essaie de ne pas trop regarder le football pour consacrer du temps à mes filles notamment. Je pourrais difficilement la juger car je n’ai vu qu’un match du Racing et c’était face à Dijon (ndlr : 10 août 2013, Dijon 1-1 Lens) où Lens n’avait d’ailleurs pas réalisé un très grand match.
Comment vois-tu la suite de la saison pour le RC Lens ?
Même si ça fait un moment que j’ai raccroché, je connais bien la Ligue 2. C’est un championnat très serré. Il y a beaucoup moins d’écarts, notamment en termes de budget entre les clubs, et beaucoup d’équipes ont leur chance pour la montée. Je pense beaucoup à Lens. Ça a été une très bonne idée de recruter Antoine Kombouaré, qui semble être un très bon entraîneur. C’est une bonne chose pour le RCL. Et également d'avoir retrouvé Gervais Martel. Donc, c’est plutôt bien,
Le mercato hivernal vient de s’ouvrir. As-tu un tuyau à donner aux dirigeants lensois ?
Je n’en ai pas beaucoup. J’ai moins la connaissance de certains joueurs de Ligue 2. Mais c’est dommage pour Lens que Guillaume Hoarau ait choisi d’aller à Bordeaux. Je trouvais que c’était une très bonne idée pour le Racing d'essayer de relancer des joueurs qui ont un potentiel Ligue 1 en espérant avoir la montée en fin de saison. Il faut regarder dans certains clubs où les joueurs ne jouent pas trop mais, en général, ceux-là n’ont pas vraiment envie de descendre en Ligue 2. Cependant, je pense que Lens est toujours très attractif puisque c’est un club qui reste populaire. Sinon, je n’ai pas de vraies propositions à faire au Racing Club de Lens. Ou sinon il y a Ibrahimovic (ndlr : rire).
Les tensions au sein du club lensois ont conduit à sa perte. Penses-tu que la situation s’est apaisée ? Que penses-tu du retour de Gervais Martel ?
Je pense beaucoup de bien de son retour. C’est la figure emblématique du club. J’ai vécu une saison difficile à l’époque avec la descente en Ligue 2 où il y avait beaucoup de querelles internes. C’est tout ce qu’il ne faut pas faire dans la vie tout court, mais encore moins dans le football. Il faut être uni, surtout quand ça se passe dans la difficulté. Maintenant est-ce que ça s’est aplani ? Je pense que oui. Mais pour le savoir, il faudrait vivre en interne dans le club. Quoi qu’il en soit, on sent qu’avec l’éviction de Gervais Martel, il y a eu beaucoup d’articles pas forcément très positifs ces dernières années. Le retour de Gervais a permis l’union sacrée et ça se ressent, bien que les résultats puissent encore être meilleurs. Mais à l’heure actuelle, si ça s’arrêtait, Lens monterait en Ligue 1 et c’est tout le mal que je leur souhaite pour la fin de saison.
Tu as toujours été très apprécié des supporters lensois. Inversement, tu sembles avoir rencontré des difficultés avec les différents entraîneurs que tu as connu à Lens. Penses-tu qu’il y ait un lieu de cause à effet ?
Oui, ça se peut. Quelque fois, le fait de bien passer avec les supporters, ça peut déranger certains entraîneurs. J’ose espérer que ça ne soit pas pour ça. Même si je pense que, pour l’un d’eux, ça avait un lien. C’est une chose que je n’ai jamais trop comprise. Quand la relation entre un joueur et les supporters fonctionnent, c’est plutôt positif pour tout le monde. Mais ça a pu quelques fois déranger mais je n’ai pas à m’excuser de ça. Bien au contraire.
[…] Depuis ton départ à la retraite, trouves-tu que le football a changé ?
Le football évolue comme tous les sports. Regarde l’athlétisme : les records sont battus. Régulièrement en football, ça va un peu plus vite. C’est plus tonique, quelque fois aussi plus athlétique. Mais foncièrement, sur l’aspect tactique, l’aspect vision du jeu, les choses n’ont pas forcément trop évolué. Donc ça reste facile pour moi d’expliquer comment ça se joue. Le jeu n’a pas complétement changé mais c’est évident que ça va beaucoup plus vite. Le football de maintenant et le football d’il y a 20-30 ans n’est pas tout à fait le même.
Tu étais un vrai adepte du poste de meneur de jeu. Aujourd’hui, ce n’est plus un poste aussi important qu’avant car on mise davantage sur la vitesse des ailiers. Comment juges-tu cette évolution dans le football ?
Finalement, c’est peut-être assez simple. C’est-à-dire qu’avant, le jeu était pris en charge souvent par le meneur de jeu comme on l’appelle. Mais cela veut dire qu’un seul joueur est dépendant de l’équipe. Et l’équipe adverse peut avoir des plans contre ce joueur-là. Les solutions trouvées, c’est d’avoir beaucoup plus de joueurs meneurs. C’est pour ça d’ailleurs que les meneurs de jeu ont reculé petit à petit et se sont retrouvés devant la défense. Il faut avoir la capacité d’avoir des joueurs sur les côtés pour qu’ils puissent faire la différence parce que, tactiquement, c’est beaucoup plus fort qu’avant. Cela veut dire qu’il y a moins d’espaces, qu’il faut arriver à écarter les équipes. Les écarter ne veut pas dire uniquement jouer sur les côtés mais avoir la possibilité de passer sur les côtés, c’est obligé l’adversaire à laisser un peu d’espace dans l’axe. Pour être performant, il faut avoir beaucoup de joueurs qui ont ce côté créatif qu’avait le meneur de jeu à l’époque, alors qu’il était peut-être un peu le seul. Maintenant, il y en a beaucoup plus dans l’équipe. Même les défenseurs axiaux, on leur demande ! Il faut d’ailleurs qu’ils soient en capacité, dans leur jeu de passe, d’éliminer des adversaires. C’est ce que fait bien Paris.
Quel souvenir le plus marquant de ta carrière gardes-tu en tête ?
Je pense que c’est le titre de champion de France en 2001 avec Nantes parce que j’avais étais élu meilleur joueur du championnat cette année-là. Et puis il y a eu l’envahissement de la Beaujoire qui est resté gravé dans la mémoire des Nantais et, je pense, dans celle de beaucoup de gens qui aiment le football. Et puis en fait, je suis arrivé du milieu amateur. Quand j’ai signé à Nantes, j’ai joué à 18 ans en Promotion d’Honneur. Quelques années après, je me retrouve champion de France. Donc si c’était l’image à garder, je pense que ce serait peut-être celle-là, même si je considère qu’il ne faut pas garder qu’un seul souvenir. L’autre point, c’est que je préfère toujours jouer au football que de me rappeler des moments. Dès que je peux, je vais faire un petit futsal et c’est là où je prends le plus de plaisir. C’est le plaisir de jouer à l’instant T qui m’importe.
Propos recueillis par Thibaud pour MadeInLens.com
L'équipe de MadeInLens tient à remercier chaleureusement Eric Carrière
pour sa sympathie et sa disponibilité pour réaliser cette interview.
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