Gervais Martel : « Ce soir, c'est une grande fierté »
Pour l'inauguration du stade Bollaert-Delelis, Gervais Martel a livré un discours où, comme bien souvent, il parle avec son coeur et sa truculence. La situation actuelle délicate du club, les dernières saisons très difficiles, son avenir à la tête ou non du club Sang et Or, tout y passe dans le discours du président du RC Lens, qui se montre aussi et surtout très fier de voir le club lensois disposer désormais d'un stade rénové.
« Je voudrais avant tout remercier les entreprises qui ont participé aux travaux et les félicite. [...] Contre vents et marées, et vous vous doutez que ce n'est pas simple de faire ces travaux sur un an, vous êtes parvenus à ouvrir ce stade au début de la saison avec 32 000 places. [...] Je voudrais d'une personne sans laquelle nous ne serions pas en train de parler de foot, c'est André Delelis. De temps en temps, je fais des conneries et des erreurs, mais un jour, j'ai eu l'idée - malheureusement près de sa mort - de dire que ce serait pas mal qu'on appelle ce stade Félix Bollaert- André Delelis. [...] Il y a quelques temps, des gens nous ont appelés pour changer le nom du stade. Pourquoi pas ? On l'aurait appelé Saupiquet ou Amora... Mais on est toujours resté fidèles par rapport à ce stade. Il appartient à tous les gens qui ont fait l'histoire de ce stade, aussi bien aux supporters, aux anciens joueurs et entraîneurs qui ont fait vibrer nos vies depuis 30 à 40 ans. [...]
Je suis fier depuis 30 ans d'avoir installé les supporters dans la tribunes principales avec des tarifs très raisonnables. Il y a beaucoup de présidents de clubs qui me disent qu'on pourrait les vendre 10 fois plus cher. Mais on est à Lens et c'est un certain nombre de valeurs, celles de l'arrondissement. Lens, ce sont les valeurs de la mine. N'oublions pas aujourd'hui, où on est dans une région qui produisait 15% de l'énergie française en 1946, où il y a des gens qui sont morts au travail, où il y avait une population respectable et une cohésion entre toutes les ethnies et les nationalités. Tout le monde descendait le matin et était fier de remonter le soir. C'est ça, Lens. [...] »
Le taquet sévère à Hafiz Mammadov, absent de cette inauguration
« J'assume ce qui s'est passé au club depuis pas mal d'années. J'étais dans la difficulté et je le suis encore. C'est vrai qu'il faut essayer d'ouvrir le capital, de faire participer les gens. Mais je suis d'accord à 100%. Mais vous vous rendez compte de la difficulté où on peut se retrouver à donner des invitations fermes à des personnes qui ne viennent pas aujorud'hui. M. Mammadov, il savait qu'on avait recréé une nouvelle manifestation. Si on s'est réuni à 18h00 aujourd'hui, c'est parce qu'il nous a demandés de faire cette réunion à 18h. Malheureusement, il n'est pas là. J'espère que tout cela va s'arranger parce que je me bats derrière, non pas pour ma place car il y a eu d'autres présidents avant et il y en aura d'autres après. »
Gervais Martel confirme l'offre de reprise transmise à Hafiz Mammadov
« Aujourd'hui, je vous confirme qu'il y a une offre de reprise qui a été transmise à Hafiz Mammadov, qui l'acceptera ou non. J'ai fait mon job. Je te l'avais promis, cher Daniel (Percheron), qu'on essaierait de trouver les solutions financières pour sauver le Racing Club de Lens. Cela va peut-être se faire. peut-être qu'Hafiz Mammadov va rebondir ? Peut-être qu'on va le voir dans les jours après ? N'oublions pas une chose et rendons à César ce qui a appartient à César : si Hafiz Mammadov n'est pas là en juin 2013, pour relancer le club en investissant auprès des Crédit Agricole, qui a fait des enquêtes pour bien connaître Hafiz Mammadov, il n'y a plus de club. On n'a pas eu de chance. Tu me disais, Daniel (Percheron), que j'avais une chance sur 10 000 de trouver Hafiz Mammadov et une sur 100 000 que Mammadov fasse défaut. C'est le cas aujourd'hui, mais je ne peux pas vous assurer de ce qu'il y aura demain. Contrairement à ce qu'on a véhiculé et dit - et c'est extraordinaire ce que j'ai vécu et ce qu'on a pu entendre, comme des présidents de DNCG qui ont dit qu'on n'irait pas au bout de la saison, ce qui a perturbé mes joueurs et mon personnel, et le nombre de conneries qui ont été dites... »
« Pendant un an et demi, je me suis débrouillé tout seul. »
« Je le répète : aujourd'hui, nous n'avons aucun crédit et aucune possibilité de découvert en banque ; tous nos gens ont été payés en temps et heure et nous avons de l'argent dans les caisses pour aller jusque la fin de la saison. On va me dire que j'ai vendu des joueurs... Oui, mais c'est mon rôle de président, de ne pas mettre la charrue avant les boeufs et de prévoir quand on a des beosins financiers. Pendant un an et demi, je me suis débrouillé tout seul. Tout seul. Et j'ai trouvé toutes les solutions, et on trouvera toutes les solutions demain pour assurer l'avenir du RC Lens, avec moi ou sans moi, avec d'autres actionnaires, avec une ouverture dans les conseils d'administration de représentants de supporters (mais aucune mention d'une ouverture du capital aux supporters, ndlr) ou d'autres qui participeraient. En tout cas, ce qui est formidable aujourd'hui, c'est de se réunir parce que le stade a été fait. »
« On est dans ce stade et il est fini »
« On est dans ce stade et il est fini. Derrière, la saison continue. Il y a des gens qui vont penser qu'on va finir 19e. Peut-être ? Et il y a des gens qui pensent, comme moi, que tout n'est pas encore cuit pour la montée. Tout ça, c'est encore une histoire de volonté, affaire de dynamisme, de rassemblement. On ne va rien lâcher, je vous le garantis, et on ne lâche rien. Avec nos équipes au sein du RC Lens, avec la réserve d'Eric Sikora, ni avec Hervé Arsène ou Jocelyn Blanchard, on ne lâche rien parce qu'on est des passionnés et que, derrière, malgré un certain nombre de choses qui ont été dites et sont totalement erronées, on est resté debouts, droits dans nos bottes. Et on va continuer à l'être. J'espère que, dans les semaines qui viennent, l'épisode, le mauvais épisode, va se remettre d'aplomb avec Hafiz Mammadov si c'est possible ou avec X ou Y bien sûr. L'important, c'est qu'on puisse enfin retrouver de la sérénité dans le club, pour l'avenir du club et pour les enfants.
Ce qui a été fait aujourd'hui, avec la présence de tous les anciens, ça me fait chaud au coeur. Si on n'a pas fait une réunion plus grande, en liaison avec Daniel Percheron, c'est en rapport avec ce qui s'est passé dans notre pays vendredi soir. On fera certainement d'autres manifestations pour associer les supporters et d'autres personnes. Idem pour la presse.
Je vais terminer sur cela. Ce qui a permis de sauver le RC Lens, c'est le centre de formation. Ce centre qu'on a inauguré en 2000, sans aucune aide de personnes malgré de nombreuses promesses. On l'a fait à la force du poignet. On l'a fait grâce aux résultats, au titre de champion avec Daniel Leclercq, à la Champions League, ... On a bien investi dans ce centre. On a un stade maintenant, qui est présent et qui va accueillir des matchs de l'Euro : avec 4 matchs ici, dont trois de poule et un 8e de finale. C'est exceptionnel. Et pourquoi ne l'aurait-on pas eu ? Pourquoi l'auraient-ils à Lille, Lyon ou Saint-Etienne ? Tout le monde est allé au bout. On est réuni ce soir, les uns et les autres, par rapport à un respect de l'histoire. »
« Mais je suis déjà projeté sur demain. Avec moi ou sans moi, je n'en ai rien à foutre (sic). »
« Mais je suis déjà projeté sur demain. Avec moi ou sans moi, je n'en ai rien à foutre (sic). Je suis projeté par rapport à mon club. Daniel (Percheron), tu disais que tu étais au stade lors du match contre le Stade Français en 1949. Moi, j'y étais en 1962. Mais on doit se projeter sur demain. Demain, ce sont les gamins qu'on va former. Demain on va être tranquille au niveau financier, en restant extrêmement sérieux. On va pouvoir le faire parce que, maintenant, on a un outil qui est adapté. Pour la Ligue 2 pour l'instant, mais un jour on va retrouver la Ligue 1. C'est inéluctable demain, après-demain. »
On a été dans la merde depuis 7 ou 8 ans. Et on va s'en sortir !
« Ce soir, c'est une grande fierté, en liaison avec Daniel Percheron, Michel Dagbert et Sylvain Robert, et d'autres personnes qui sont là... J'ai beaucoup de plaisir à être là. On va se battre, on ne va rien lâcher parce qu'on n'est pas des gens qui lâchent les choses ici. On est dans le Pas-de-Calais et à Lens ici. On ne va rien lâcher du tout, on va continuer à se battre comme des malades. On a été dans la merde depuis 7 ou 8 ans. Et on va s'en sortir ! Et on va redonner à tous ces gens qui se battent aujourd'hui et se privent aujourd'hui pour être avec nous pour le foot, on va leur redonner une grande fierté. »
Propos recueillis par Laurent Mazure pour MaLigue2 et MadeInLens
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