La Parole à : Pascal Peltier (1/2)
Cette saison, au travers de notre rubrique "La Parole à", MadeInLens vous propose régulièrement des interviews de personnalités qui nous apportent leur point de vue sur le Racing Club de Lens ou le football en général. Cette semaine, MadeinLens a rencontré Pascal Peltier, ancien joueur du RC Lens pendant les années 1980 puis entraîneur au centre de formation. Du rêve aux déceptions, il nous parle du RC Lens vu de l’intérieur. Sans concessions, celui qui occupe aujourd’hui le poste de manager général de l’ES Bully regrette la perte d’identité du club Sang et Or.
Dans cette première partie, l’ancien attaquant se livre sur sa carrière de joueur.
Tu es arrivé très tôt au RC Lens. Peux-tu nous raconter comment cela s’est passé ?
Mon frère Francis et moi voulions rentrer en Sports Etudes au lycée Condorcet de Lens. Il avait 16 ans, et moi 14. Le jour des épreuves de sélection, le directeur sportif du RC Lens était dans les tribunes. Le soir même, il a appelé mon père pour savoir si ses deux garçons pouvaient venir au RC Lens. Pour une famille de footballeurs comme la nôtre (mon père a joué jusqu’à 42 ans, ma mère est passionnée de foot, j’avais déjà un frangin au centre de formation à Troyes et un autre qui jouait en D2 à Cambrai), cela a été une soirée exceptionnelle !
Tu intègres donc le centre de formation avec ton frère. Comment cela se passe?
Les deux premières années, on faisait chambre commune. C’était un petit centre de formation : ce n’était pas aussi grandiose que maintenant. C’était un petit immeuble près du stade Léo Lagrange. On était 16, dont des joueurs de 18-20 ans qui jouaient déjà en 3e division. A 16 ans, j’ai quitté l’école pour me consacrer entièrement au football avec l’objectif de devenir pro. Je suis resté au centre de formation jusqu’à mes 19 ans et, ensuite, je suis parti un an au Bataillon de Joinville car j’étais sélectionné en équipe de France depuis l’âge de 15 ans.
A quel âge tu joues pour la première fois avec l’équipe première ?
A 18 ans, Romain Arghirudis est venu me chercher après un match avec l’équipe de France pour m’emmener au vert à Olhain avec les pros et j’ai joué mon premier match contre Marseille où jouait encore Marius Trésor. C’est un sacré souvenir ! Ensuite, j’ai fait quelques apparitions : je jouais 15 minutes, 30 minutes jusqu’à l’arrivée de Gérard Houiller.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres : en 1983, on part au vert au Touquet pour préparer un match de Coupe d’Europe contre Anvers et, à la fin de l’entrainement, l’avant-centre se blesse. Gérard Houiller vient me voir et me dit : « Tu vas jouer avant-centre aux côtés de Daniel Xuereb, François Brisson et Philippe Vercruysse. » Je garde en mémoire la Une de L’Equipe avec nous quatre en train de sauter une haie et le titre : « Vont-ils passer l’obstacle ? ».
Et vous l’aviez passé !
Oui ! À l’aller, on perdait 0-2. Philippe Piette réduit la marque et moi, je rentre et j’égalise. Au retour, on s’était qualifiés en allant gagner 3-2. C’est l’année où on avait joué trois tours de l’UEFA contre des équipes belges : Gand, Anvers et Anderlecht en 8e de finale avec la fameuse histoire de Munaron (ndlr : dans les dernières minutes du match aller, alors que les Belges mènent 0 - 1, un caillou lancé des tribunes avait dévié une passe en retrait d’un défenseur d’Anderlecht pour son gardien Jacky Munaron qui ne put capter le cuir). Anderlecht avait gagné 1-0 au retour et nous avait éliminés mais ils étaient bien plus forts que nous.
Au total, tu as joué une soixantaine de matchs avec Philippe Vercruysse, Daniel Xuereb, François Brisson, Daniel Krawzcyk, Didier Sénac, Gaëtan Huard…
La belle équipe ! J’avais la chance d’en faire partie ! Je n’étais certainement pas de leur niveau mais j’avais la mentalité pour m’intégrer à un groupe et pour bosser pour l’entraîneur. Et puis le fait de jouer avec eux, cela m’a tiré vers le haut.
En 1985, tu décides de partir pour Rouen.
Je ne choisis pas vraiment : Gérard Houiller s’en va à Paris, on annonce l’arrivée de 2 attaquants uruguayens et on me dit que si je veux avoir du temps de jeu, il vaudrait mieux partir. Je suis alors contacté par le FC Rouen qui dispute les barrages contre Rennes pour la descente. Ils font 1-1 à Rennes. Je signe mon contrat avant le match retour qu’ils perdent 0-1. Le club descend en D2.
Comment vont se passer tes cinq saisons à Rouen ?
La première année est catastrophique : plus de président au bout d’un mois, plus d’entraîneur au bout de deux mois… Le club descend en 3e division. Heureusement, le club garde le statut professionnel et Arnaud Dos Santos arrive. Ma carrière a véritablement démarré avec lui : avant, c’était la fougue de la jeunesse avec des grands joueurs et, à partir de là, cela a été une vraie prise de conscience. Le club a fait le ménage et on termine premier. Ensuite, cela a été trois années exceptionnelles de vie collective et d’esprit sportif avec un entraîneur que j’ai apprécié au plus haut point.
Et quand il quitte Rouen pour Lens, tu le suis ?
Arnaud Dos Santos rejoint Lens en 1990 en 2e Division. Le club cherchait un attaquant et Arnaud Dos Santos dit à Gervais Martel : « Moi, je connais un avant-centre à Rouen qui vient de marquer 16 buts, c’est Pascal Peltier ». Gervais Martel me connaissait, il m’appelle et je lui dis : « Si vous me voulez, je viens en courant et je ne demande pas un centime de salaire en plus que ce que je gagne à Rouen ».
C’était les débuts de Gervais Martel à la tête du RC Lens …
Il était là depuis un an, il cherchait à reconstruire. Il y avait une belle équipe avec Mustapha El Haddaoui, Robby Slater, Roger Boli … et puis tous les jeunes : Jean-Guy Wallemme, Eric Sikora, Pierre Laigle, Cyril Magnier qui avaient de grandes qualités et un cœur Sang et Or, ce qu’il n’y a plus aujourd’hui. On peut quand même tirer un grand coup de chapeau à un gars comme Eric Sikora, qui est resté toute sa carrière à Lens alors que c’était un très grand joueur.
Par rapport à ta première époque sous le maillot lensois, tu faisais figure d’ancien cette fois ?
Oui, je suis parti je n’avais pas de maturité. Je reviens 5 ans plus tard avec une étiquette de buteur. Malheureusement, cela s’est très mal passé car je me suis brisé le genou à la mi-saison. Je n’ai joué que 14 matchs, j’ai mis 7 buts tout de même. Pendant les vacances, je reste à Lens pour préparer la saison suivante alors que les autres sont partis fêter la montée. A la reprise, on m’envoie faire un match avec la DH et, au bout de dix minutes je me casse la clavicule. Ma carrière s’est terminée en queue de poisson : Arnaud Dos Santos m’a fait jouer les 2 derniers matchs de la saison pour qu’on parle un peu de moi mais, derrière, le club m’a « gentiment » remercié.
La suite demain avec la carrière d'entraîneur de Pascal Peltier ...
Propos recueillis par Samuel
MadeinLens tient à remercier Pascal Peltier
pour sa disponibilité et sa sympathie pour répondre à nos questions
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