Gervais Martel : « Lens est toujours une Ferrari de collection »

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Demain paraîtra dans L'Equipe Magazine un entretien exclusif de Gervais Martel. Dans le début de l'interview, le président du RC Lens raconte comment il a trouvé l'investisseur azéri Hafiz Mammadov.

«Gervais Martel, quand on perd le pouvoir, on perd beaucoup d’amis ?
Certains ont dit que Martel était mort et enterré pour le foot. Je m’en fous. On peut dépenser des millions pour les former, les cons, ils resteront des cons. Ma mère et des amis m’ont écouté et m’ont aidé financièrement. J’étais parti sans rien demander et sans avoir le droit au chômage. Il a fallu que je me débrouille. J’avais rendu ma bagnole. Un copain m’a prêté une vieille Vel Satis. C’est curieux comme voiture. Comme elle m’a porté chance, je voulais la garder. Je voulais la racheter à mon pote. Je lui ai dit : ''Combien je te dois?'', il me l’a donnée. Donc j’ai toujours la Vel Satis, que mes potes appellent ''la diligence''. J’ai fait un peu de frais, j’ai mis la radio, sinon qu’est ce qu’on s’emmerde quand on parle tout seul. Ah, faut que je remercie les gendarmes : comme y a pas le Bluetooth, ils m’ont arrêté plus d’une fois le téléphone à l’oreille et ils ont été souvent sympas. Mon téléphone, il me sert autant que mes godasses. (…)

Vous avez très vite affirmé que vous étiez sûr de revenir…
J’étais même sûr de ne pas partir jusqu’au jour où je suis vraiment parti, le 30 juin 2012. Il ne manquait pas grand-chose. J’avais trouvé 8 millions, il m’en manquait cinq ou six. Je suis parti, mais j’ai continué à faire ce que je faisais depuis cinq ans : chercher le bon actionnaire. J’ai beaucoup bossé. (…) J’ai vendu cette marque extraordinaire qu’est Lens. Même dans la difficulté, Lens est toujours une Ferrari de collection. J’ai rencontré des gens pas bien, des gens qui m’ont menti, des enfoirés, des gens intéressés sans l’être vraiment, des gens qui disaient avoir l’argent sans l’avoir, je partais très souvent, je voyais des traders en Angleterre, j’avais une piste au Qatar, j’ai beaucoup discuté avec l’Arabie saoudite aussi, et, enfin, j’ai rencontré la bonne personne.
 
Et vous sortez de votre chapeau Hafiz Mammadov, un multimilliardaire azéri prêt à injecter quelques millions d’euros.
C’est un de mes copains qui me l’a présenté, à Cannes, en août 2012, pendant mes vacances. On a tout de suite eu le feeling. (…) Il connaissait Lens et a compris que je parlais d’abord du club et pas de moi. Je suis resté sur la Côte plus que prévu, je l’ai revu. Je suis allé en Azerbaïdjan huit ou dix fois. Ça s’est pas négocié au pigeon voyageur. Je lui ai offert une lampe de mineur avec son nom dessus, j’ai amené Papin pour lui donner un maillot signé. Il a fallu mettre tout ça en place, parler de la jeunesse, de la formation, et ça, il y tient beaucoup. (…)
 
Mammadov est venu une fois à Lens, la tribune a scandé son nom, il a offert une montre à chaque joueur, ça vous a plu.
Je préfère recevoir une montre plutôt qu’un coup de pied au cul. Il offre des montres, y en a d’autres qui offrent des fleurs ou des cornichons. Y a des présidents qui peuvent donner 15 000 ou 20 000 euros de prime et on dit rien. Y a pas de double prime chez nous, car un joueur, c’est payé pour bien jouer.»


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