Coup de sifflet : billet d’humeur sur l'arbitrage en France
Ce jeudi, nous vous proposons le vingtième volet de notre rubrique « Coup de Sifflet » consacrée à l’arbitrage. En effet, dans l'équipe de MadeInLens.com, nous avons la chance d'avoir Lolorcl, un jeune arbitre habitué des compétitions nationales de jeunes et qui, chaque semaine, nous apporte ses lumières, nous permet de mieux connaître et comprendre certaines règles majeures du football et nous évitera à l'avenir d'insulter copieusement l'arbitre après un « Coup de Sifflet » ! Mais cette semaine, ce n'est pas un rappel que Lolorcl vous propose, mais un billet d'humeur sur l'arbitrage en France après la non-sélection d'arbitres français pour la prochaine Coupe du Monde au Brésil.
Le couperet est tombé, la France n’aura pas de représentant de son arbitrage au Brésil pour la Coupe du Monde 2014. La déception est grande, il ne faut pas s’en cacher. Depuis mercredi dernier, les réactions sont nombreuses. Le journal L’Equipe en a même fait sa Une avec un titre provocateur : « Les arbitres français sont-ils nuls ? ». Pourtant un peu de mesure ne serait pas de trop dans cette situation…
Tout d’abord, doit-on remettre en cause toute une corporation pour la non-sélection de sa tête d’affiche parmi les 9 centraux européens ? À l’inverse, lorsque Stéphane Lannoy était retenu pour le Mondial 2010 et l’Euro 2012 (où il a officié dans une demi-finale), personne ne se bousculait pour dire que l’arbitrage français allait bien. Deux poids, deux mesures …
Les adeptes des championnats étrangers ne sont pas sans savoir que les polémiques liées à de mauvaises décisions sont légions dans chaque pays. Ce n’est pas une exception franco-française. Pourtant, l’allemand Felix Brych qui a accordé le but fantôme de Leverkusen-Hoffenheim est retenu pour le Mondial. Howard Webb, critiqué après son laxisme lors de Chelsea-Liverpool, est également du voyage.
L’arbitre est un être humain. Il doit juger rapidement et faire face à la pression des médias, du public, des 22 acteurs, des bancs de touche qui hurlent comme si un crime venait de se dérouler devant leurs yeux lorsqu’une simple touche au milieu de terrain ne leur revient pas. Le football n’est pas une science exacte : la gestion d’un match et des fautes dépend d’une culture, d’un contexte de match. Sans tomber dans les clichés, l’arbitre anglais laisse beaucoup plus jouer et sort peu de cartons et cela donne parfois lieu à des attentats non sanctionnés d’une exclusion (Ben Arfa et Nasri pourront vous en parler). Là où l’arbitre italien est beaucoup plus tatillon et distribue beaucoup plus de sanctions disciplinaires, même lorsqu’il se fait abuser par des amplifications. Pourtant ces deux types d’arbitrage sont reconnus au niveau international. Pourquoi ? Puisque l’on fait confiance à l’arbitre, sa sensibilité et sa personnalité. En France, tout le monde sait les réactions que provoquent les arbitrages de Messieurs Chapron et Duhamel par exemple.
Enfin, je termine par le besoin de sensibilisation et de recrutement dès le plus jeune âge. Comment donner envie aux jeunes de se lancer dans une expérience de vie lorsqu’une mission est constamment critiquée alors même que les enjeux sont moindres ? Pour cette saison, la FFF avait lancé l’idée d’assurer l’arbitrage à la touche des matchs de U11 - U13 par les jeunes eux-mêmes. Sur cette première partie de saison, la consigne n’a pas été réellement suivie puisque les clubs ont fait remonter une pression trop grande pour ces jeunes vis-à-vis des autres jeunes, mais surtout de l’environnement du match. Triste, dommageable voire révoltant lorsque l’on parle de foot animation sur demi-terrain. Pourtant, la réussite de notre arbitrage dans le futur passe par le recrutement d’un grand nombre de nouveaux. Plus la base est nombreuse, plus les chances de voir un talent émerger sont grandes.
Mais pour ça encore faut-il refaire confiance, les laisser exercer dans la sérénité, leur accorder le bénéfice du doute plutôt que de toujours rejeter la faute sur ses épaules lorsque le résultat du match n’est pas en sa faveur. Les arbitres sont les premiers malheureux quand ils se trompent. Ils sont les premiers à se remettre en cause après chaque performance. S’il leur reste des domaines dans lesquels ils peuvent progresser, les réformes démarrées cet été avec l’arrivée de Pascal Garibian vont dans ce sens. Mais toute réforme sera inutile si tous les acteurs ne tirent pas dans le même sens.
Lolorcl
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