Eric Carrière : « C'est l'affect qui m'a fait venir au RC Lens »
Après des parcours exceptionnels à Nantes et Lyon, Eric Carrière a enchaîné sur quatre saisons au RC Lens, sans titre et terminant sur une relégation en Ligue 2 en 2008. L'ancien Lensois revient sur ce choix de carrière, qu'il ne considère pas comme une erreur, et souligne que son choix était certainement plus lié à l'affectif qu'au jeu.
« La facilité serait de dire : « Je me suis trompé, mais ce n'est pas de me faute ! Et puis, j'aurais fait mieux ailleurs » . Dans mon analyse, j'ai plutôt tendance à retenir ce que ça m'a apporté, avec, en filigrane, l'image du destin : « Voilà, c'est comme ça » . Tu le soulignais, je suis assez cartésien, mais c'est l'affect qui m'a fait venir à Lens. J'étais en contact avec Gervais : il était venu à la maison à Lyon, et je lui avais fait du foie gras et du magret (sourire). Au final, c'est l'affect qui a fait la différence, et tant mieux. Dans ma personnalité médiatique, c'est vrai que je ne le montre pas souvent, mais la part affective est prépondérante chez moi. Quand t'as quatre filles, t'es obligé (sourire) ! Et puis, Gervais, il est arrivé à un moment où le milieu de terrain lyonnais était devenu extrêmement compétitif. Lens, ce n'était pas rien, et j'étais persuadé de pouvoir m'y épanouir. Maintenant, avec le recul, je m'aperçois que quand on connaît des difficultés, on se retranche souvent sur ce que l'on sait faire. L'identité lensoise, c'était la générosité dans l'impact plus que le style de jeu, et c'était évidemment moins mon registre, même si je suis fier d'y avoir joué. Pour continuer là-dessus et te donner une idée, quand je vais à Marseille, je croise des mecs qui me disent : « Mais pourquoi t'as pas joué chez nous ? » . Honnêtement, je pense pouvoir dire que ce n'était pas une atmosphère qui m'aurait permis de m'épanouir, et ce n'est pas grave : bien d'autres joueurs, meilleurs que moi, y ont réalisé de belles choses. Aujourd'hui, je peux dire que mon passage à Lens m'a énormément appris, au même titre que mes années lyonnaises, qui n'ont pas toujours été simples non plus. Au départ, la culture de la gagne, pour moi, c'était dur. Ce n'est pas que je ne voulais pas gagner, mais je me focalisais sur le contenu, encore le contenu, toujours le contenu. Je disais : « Attends, là on peut faire un une-deux ! Pourquoi tu préfères y aller seul ? » . Le mec ne me répondait pas, mais il pensait sûrement : « Bah, parce que moi, je sais le faire, et ça marche ! » . Tu sais, j'étais beaucoup plus fermé au début de ma carrière. Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire… »
Propos recueillis par Bastien Kossek pour le site Hors-Format
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