Eric Carrière : « L’argent est nécessaire mais n’est pas suffisant »
Interrogé par notre site partenaire Sharkfoot, Eric Carrière évoque l'apport des investisseurs étrangers au sein de la Ligue 1.
Aujourd’hui, doit-on compter sur des investisseurs étrangers pour être compétitifs dans ce championnat de Ligue 1?
De nos jours, celui qui a de l’argent gagne sur le long terme. Manchester City a fini par gagner le titre l’an dernier, Chelsea la Ligue des Champions. Cela ne se fait pas instantanément, mais avec suffisamment d’argent et du travail on y arrive. Pour moi, l’argent est nécessaire mais n’est pas suffisant. Paris avait déjà beaucoup d’argent l’an dernier mais s’est fait coiffé par Montpellier. Cette année ça va mieux car les joueurs évoluent en équipe : ils ont le talent et sont largement au-dessus des autres à ce niveau là. Pour moi oui, il faut de l’argent et il faut l’utiliser à bon escient. Après, l’UEFA va mettre en place le fair-play financier. Celui-ci pourrait changer les choses et contraindre les potentiels investisseurs à se rétracter. Les clubs ne pourront dépenser que ce qu’ils génèrent comme argent, logiquement les investissements (dans les structures) seront récompensées. En terme d’éthique, je trouve que c’est une bonne idée de Michel Platini. Je le vois avec mes restaurants : si demain quelqu’un arrive et propose la même chose que nous trois fois moins cher, la concurrence apparaît un peu comme déloyale.
N’as tu pas peur d’une possible perte d’identité pour les clubs ? Ces investissements peuvent-ils tuer le football populaire ? Quand on sait que QSI voudrait changer de logo pour le PSG, de centre d’entrainement...
Personnellement je ne suis pas inquiet sur ce point-là. C’est dérangeant pour les raisons évoquées plus haut. Avec un investisseur, tu finis tôt ou tard par gagner, et là c’est dérangeant. Pour le championnat, ce n’est pas bon. Paris achète beaucoup, mais n’achète pas « français », dans le championnat de France, pour ne pas renflouer les caisses des autres clubs, qui peuvent rencontrer des difficultés. Concernant l’aspect populaire, les gens viennent au stade pour voir un spectacle et un spectacle de qualité. Quant à l’identité-club, nous avons eu l’occasion d’aller à Madrid avec des collègues de la formation : c’est fantastique comment les club sont institutionnalisés. Ce n’est pas le cas en France. Lorsque des dirigeants changent, on fait table rase du passé, on repart à zéro. Donc je pense que QSI devrait conserver l’aspect historique du PSG. Selon moi, il y a un juste équilibre à trouver entre leur future politique marketing, avec ce que cela implique comme changements et l’histoire du club.
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