Warmuz : « C'était fini »

Après le match contre le FC Porto, Guillaume Warmuz connaît un mois de décembre difficile, à l'écart du groupe. Pour Hors-Format, il évoque cette période délicate de sa carrière.

Pendant le mois durant lequel vous avez été à l’écart du groupe, votre choix pour la suite a-t-il évolué ?
Non, non. Intérieurement, la décision que j’avais finalement prise ne faisait que se renforcer. J’ai fait une proposition pour, éventuellement, revenir. Elle m’a été refusée. A partir de ce moment-là, je savais que je ne reviendrais plus, c’était fini.

Quelle était cette proposition ? Vous souhaitiez revenir dans le circuit ?
Oui, j’avais demandé à faire une préparation personnalisée pour pouvoir revenir au niveau. On m’a dit non.

Finalement, cette décision n’est-elle pas le symbole de ce que vous êtes : quelqu’un de fier et profondément honnête ?
(Il réfléchit) Je pense qu’il ne faut pas mélanger la fierté et la réalité des événements. La réalité, c’est que j’ai perdu la main. A Munich et à Porto, je n’avais jamais fait de telles erreurs durant toute ma carrière. Quand on prend le dessus sur le terrain, on est fort en dehors. Quand on coule, c’est l’inverse qui se produit. J’aurais été trop fier en voulant continuer, pensant que j’allais y arriver. Au contraire, le fait de m’arrêter était une preuve de réalisme vis-à-vis de ma situation. Je n’étais pas bon et je n’étais plus écouté. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ?  Cette période a été terrible car je ne pensais pas quitter Lens de cette manière. Ce qui a été très dur, c’est ça. Je pensais quitter Lens comme « Siko » l’a fait, avec les honneurs, devant le public. Je ne pensais pas, un jour, être aussi mauvais. Pendant longtemps, j’ai totalement perdu confiance en moi. Il m’a fallu les six mois d’Arsenal pour me remettre. On peut presque dire que, grâce à ça, j’ai pu rebondir à Arsenal. Cette mauvaise passe qui fait très mal et qui termine douloureusement mon aventure lensoise, me rend plus fort. Arsenal, Dortmund, Monaco. Ça dépasse un peu ce que je pouvais espérer.

Avant de revenir sur cette « deuxième carrière », parlons de votre départ. Vous l’officialisez lors d’une conférence de presse avec ces propos lourds de sens : « En 1992, on s’entrainait avec nos propres affaires. Dix ans plus tard, je m’en vais du centre d’entrainement de la Gaillette ». Derrière ça, il y a de la nostalgie, mais aussi une allusion à peine masquée à l’état d’esprit de ce club qui a tellement changé…

C’est comme ça, c’est la vie. Ce qui compte, c’est ce qu’on a fait durant les années où nous y étions. C’est comme la vie. Si une personne vit quatre-vingt dix ans, cent ans, la fin est rarement étincelante. Ce n’est pas ce qu’il faut retenir. Cette personne, à vingt ans, quarante ans, soixante ans, qu’a-t-elle fait dans sa vie ? De belles choses. Là, c’est pareil. Il y a le départ, et je sais que beaucoup de personnes ne l’ont jamais compris ; mais que retiennent-elles aujourd’hui ? Le départ ou le titre de 1999 ?

Vous n’avez jamais eu la volonté de faire un papier, dans L’Equipe ou ailleurs, pour clarifier ce départ ?
Non, ça aurait été entrer dans des ragots de comptoir, des règlements de comptes. On ne s’en sort pas. Je ne voulais pas tout ternir, tout gâcher. Il faut conserver en mémoire les dix années extraordinaires passées au club. Vraiment. Des moments de tensions, de joies, de peines, des victoires fabuleuses, des titres. J’ai vécu tant de grands moments. Mes enfants sont nés là-bas. Derrière, il fallait surtout rebondir et j’y suis parvenu.


Commenter cette actualité (...)