La parole à : Jonathan (Red Tigers)
Cette saison, au travers de sa rubrique "La Parole à :" MadeInLensvous propose régulièrement des interviews de personnalités qui nous apportent leur point de vue sur le Racing Club de Lens ou le football en général.
Cette semaine, nous avons rencontré Jonathan, le président des Red Tigers et Capo du kop lensois, et évoqué avec lui l’ambiance retrouvée au stade Bollaert-Delelis, la communion avec les joueurs mais aussi les contrariétés vécues cette saison, comme les interdictions de déplacement ou la fête gâchée lors du dernier match contre Brest.
Avant tout, pourrais-tu te présenter et nous expliquer comment on devient Capo du kop lensois ?
J’ai 30 ans et j'ai toujours été dans la tribune Marek. Depuis 1997, je fais partie des Red Tigers. Après expliquer comment on devient capo, c’est difficile, cela se fait à l’instinct. Quand il a fallu remplacer les anciens capos, j’ai essayé. Le premier match, je l’ai fait avec Sylvano, un ancien capo de la Marek. On est formés par les anciens en quelque sorte et, ensuite, on se débrouille tout seul. La première fois que tu montes sur la plateforme et que tu te retrouves devant 4000 personnes, c’est très impressionnant. Physiquement, c'est très difficile aussi. Quand on sort du match, on est cuits. C’est d’ailleurs pour cela qu’on est 6 au total : il y a 2 capos au centre, 2 capos côté droit bloc Red Tigers et 2 capos KSO.
Comment travaillez-vous les nouveaux chants ou les nouveautés comme le clapping ?
Les nouveautés sont toujours testées en déplacement. Cela permet aux supporters d’assimiler la chose et, quand on le sent, on la lance à Bollaert. Le clapping, c’est mon collègue « Loulou » qui l’a testé en déplacement à Amiens. On n’était que 200 ou 300 mais cela avait déjà de la gueule. Après on y va progressivement : on l’a testé en amical avec la Marek, puis en match officiel avec la Marek et la Xercès puis avec tout le stade. Le match d’après, j’ai eu la chance d’être invité sur la pelouse par Dominique Regia Corte, le speaker du stade. C’est très rare car ce n’est pas vraiment autorisé. C’était énorme !
On ressent aussi une communion avec les joueurs cette saison, tu peux nous en parler ?
Cela se passe très bien : ils viennent nous voir à la fin de chaque match : ils se battraient presque pour monter avec nous pour faire le clapping.
Pour revenir sur les moments un peu moins agréables, peux-tu nous dire un mot de l'interdiction de déplacement à Metz ?
Cela touche tous les clubs de l’Hexagone. Il fallait bien que cela nous tombe dessus un jour ou l’autre ! Malheureusement, je pense que cela se renouvellera, surtout si on monte en L1.
Que craignaient les autorités ?
Il faudrait leur demander ! On ne sait pas trop. Pour un pays qui veut organiser l’Euro 2016, être incapable de gérer 1 400 personnes, c’est affligeant ! Il ne faut pas demander quand il va y avoir 15 000 Allemands ! Les pouvoirs publics sont incapables de gérer un nombre : ils se dégagent ainsi de toutes responsabilités et ne veulent plus se mouiller. C’est juste ça.
On parle d’un nouvel arrêté préfectoral pour la dernière rencontre à Bastia.
Oui, j'ai entendu parler d'un arrêté. Cela outrepasse les lois de la République : on fait partie de l'espace Schengen, on est libre de circuler. Je ne comprends pas pourquoi les supporters sont mis dans une catégorie à part. C'est le reflet de l'incapacité des pouvoirs publics et, encore une fois, ce sont les supporters qui vont trinquer ! Et puis bien sûr, on est prévenu à quatre jours du déplacement pour qu'on n'ait pas le temps de se retourner. C'est irrespectueux. Qui va rembourser les billets d'avion à 200 euros ?
Pour revenir sur les supporters, peux-tu nous parler de l’ambiance à Bollaert-Delelis cette saison et de l’affluence incroyable lors des trois derniers matchs ?
C’était prévisible de terminer par des guichets fermés. C’est la récompense de l’ensemble de la saison. Ce qui est ironique, c’est d’être 40 000 en Ligue 2 et de reprendre à 35 000 en Ligue 1 ! Pour le club et la ville, accueillir l’Euro, c’est une bonne chose mais, pour les supporters … C’est une aberration que la capacité de tous les stades augmentent et que nous, à chaque rénovation, ça baisse.
C’est aussi la situation financière qui a obligé à revoir le projet à la baisse.
Peut-être mais la situation financière, ce ne sont pas les supporters qu’ils l’ont générée et, au final, ce sont encore eux qui vont trinquer !
Vous avez des informations sur la configuration du stade après les travaux ?
Nous, on se bat pour que la Marek passe en configuration debout : de 4 000 à 6 000 personnes. Mais c’est compliqué car la loi française l’interdit. Aujourd’hui, le club paie des amendes à chaque match. On a de la chance qu’ils acceptent la situation car la Marek est historique.
Les plus anciens se souviennent des tribunes Trannin et Delacourt avec plus d’ambiance. Il y a des tentatives pour reformer des groupes dans ces tribunes. Qu'en penses-tu ?
L’intention est louable. Si ça ne tenait qu’à moi, ce serait tout le stade debout ! Pourquoi pas de nouveaux kops mais il ne faut pas qu’il y ait de concurrence : le kop historique, c’est celui de la Marek. Il faudrait que les nouveaux nous suivent.
Avant les travaux, le stade Bollaert-Delelis a vécu une soirée incroyable contre Brest avec, notamment, la présence d’anciens joueurs dans le Kop. Peux-tu nous parler de cette initiative ?
Cela s’est fait à leur demande. Nous, on a pris en charge leur « sécurité » derrière la bâche Red Tigers. Eric Sikora et Patrick Barul sont montés au mégaphone, c’était un grand moment. Il n’’y a qu’à Lens qu’on peut voir des choses ça. Ce sont des amoureux du Racing, des mecs qui incarnent vraiment les valeurs du club.
Malheureusement, la soirée s’est mal terminée avec l'envahissement de terrains.
La seule chose que je retiens c’est que la tribune Tony Marek a été exemplaire. Pour le reste, « no comment » !
Il reste le match à Bastia. Ton avis ?
Il va être très difficile. Il ne faut pas s’attendre à un score large. Bastia va jouer son dernier match en L2 et va le jouer à fond. Cela va être compliqué. J’espère vraiment qu’on va monter, ce serait une catastrophe de ne pas monter après avoir été 32 journées sur le podium.
Il y a des choses prévues en cas de montée ?
A priori, il y aura des écrans géants à Bollaert mais je ne pense pas qu’il y ait une fête particulière prévue. Il y aura la fête dans les rues mais cela ne reste qu’une montée en Ligue 1. On n’a pas prévu de manifestations particulières mais, si le stade est ouvert, cela risque d’être un grand moment quand même !
Quelle est la position des Reds Tigers par rapport à la délocalisation de la prochaine saison ?
On ne sait toujours pas où on va jouer. Tant qu’on n’aura pas plus d’informations, on ne pourra pas avoir de position arrêtée. On est mi-mai : on ne sait toujours pas comment cela sera organisé, on ne sait pas s’il y aura des abonnements. Donc, pour l’instant, on n’a pas pris de décisions. On ira toujours à l’extérieur, fidèles à notre devise « Partout, toujours ».
Avec cette délocalisation, n'as-tu pas peur que le soufflet retombe au niveau ambiance ?
Ça va forcément casser la dynamique de l’ambiance du stade. Quand on va retrouver Bollaert, il va falloir relancer la machine. Et puis, il va falloir se réapproprier les lieux, il y aura peut-être plus de résonnance… On n’en sait rien : on recommencera presque de zéro.
Si le Racing monte en Ligue 1, quel recrutement attends-tu ?
Je pense qu’il faudra un recrutement intelligent avec des mecs qui ont des valeurs, l’amour du maillot et pas des mercenaires. On est à Lens : on sait d’où on vient. Il faut rester simple et humble. Le mec qui ne mouille pas le maillot, il va vite le comprendre.
Quel sera l’objectif en Ligue 1 ?
Pour la première saison, ce sera le maintien. Chaque chose en son temps : Après trois saisons en Ligue 2, il faudra jouer le maintien. Et puis si on termine 10e tant mieux, ce sera magnifique.
Propos recueillis par Samuel
L'équipe de MadeInLenstient à remercier
Jonathan pour sa sympathie et sa disponibilité.
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