Gervais Martel : la DNCG, l'absence d'Hafiz Mammadov, la présence de Daniel Percheron, le maintien d'Antoine Kombouaré, l'avenir du RC Lens...

Gervais Martel RC Lens 24062015
En conférence de presse ce mercredi soir à la Gaillette, Gervais Martel est revenu dans le détail sur la situation du RC Lens, sur le passage des Sang et Or devant la DNCG, mais aussi sur la présence de Daniel Percheron.

Le président lensois évoque également et longuement l'absence d'Hafiz Mammadov, les propos tenus contre sa personne ces derniers mois mais aussi quelques pistes sur l'avenir de l'actionnariat au sein du RC Lens, qui - comme chacun l'espère - se fera sans Hafiz Mammadov et de manière plus sereine.

« C’est important que Lens soit en Ligue 2 car c’est la question qui a inquiété tout le monde. Je veux remercier la DNCG, qui a été extrêmement à l’écoute de ce que j’ai pu leur dire de la situation du RC Lens ces dernières semaines.

Je veux remercier aussi Daniel Percheron, qui a mouillé le maillot et c’est normal pour lui. Je lui avais demandé de m’accompagner à la DNCG hier, ce qu’il a fait très gentiment en étant le représentant des collectivités locales et régionales qui ont participé à l’élaboration du nouveau stade.

Je ne vais pas refaire l’histoire. Tout le monde la connaît. Elle est celle d’un actionnaire qui a sauvé le club, qui a amené près de 25 millions d’Euros et qui est absent depuis plusieurs mois. Donc moi, je n’ai pas l’habitude de tirer sur les gens en difficultés. Si Hafiz n’était pas venu, on ne serait pas là en train de parler, vraisemblablement.

La décision n’a pas été prise uniquement par Gervais Martel. Toutes les personnes qui étaient compétentes et qui avaient autorité, qui ont cédé le club et avaient fait toutes les enquêtes nécessaires pour connaître la situation d’Hafiz Mammadov.

Ce que je peux reprocher à Hafiz Mammadov, c’est de ne pas nous avoir mis dans la confidence précise dès le mois de juin de l’année dernière, où on s’est retrouvé dans une situation totalement ubuesque avec un club qui remonte, qui laisse partir des joueurs et qui n’a pas les moyens de recruter. On attendait des réponses vaines et on n’a pas réussi à recruter, sauf à ouvrir une petite porte pour homologuer les contrats de nos jeunes. 

Personne ne pouvait prévoir ce qui s’est passé. Malheureusement, ça fait partie de la vie des entreprises et c’est tombé sur nous. On peut se dire que ce n’est pas de chance… Ce n’était pas prévisible. »

Gervais Martel : « Je n’ai pas menti une seule fois »

« Je maintiens une chose : je n’ai peut-être pas été bon en communication et je m’en excuse. Mais tout ce que j’ai dit, je n’ai pas menti une seule fois. Mais la situation était tellement compliquée que, si on n’est pas dans un ésotérisme performant, on ne peut pas comprendre ce qui se passe. La preuve en est : la DNCG a fait une enquête sur ce que j’ai fait. Pourquoi ? Ils se sont dit que j’avais peut-être fait des faux… Je l’ai déjà dit : je vieillis mais je ne vais pas devenir faussaire à 60 ans.

Mais c’est tellement compliqué qu’il y a eu une enquête de la DNCG et on s’y est prêté, sans aucun problème. Tout ce qui a été fait à Bakou, avec l’actionnaire, soit ça a été fait avec des dirigeants du club, soit avec un très gros cabinet d’avocats de Paris ou avec des personnalités de l’Etat comme l’ambassadeur que je remercie.

Jamais je ne suis allé tout seul pour inventer ou dire… Devant la DNCG, on a sorti plus de 150 mails qui correspondaient aux échanges qu’on avait pu avoir le Baghlan Group et ce qui se passait en Azerbaïdjan. C’est un pays compliqué. Et on s’est débrouillé tout seul.

J’ai été réhabilité par la DNCG, pour ceux qui ont mis en doute les actions que j’ai pu faire. Et surtout, on s’est débrouillé tout seul. Avec un actionnaire qui fait défaut, il a bien fallu se débrouiller tout seul. »

Gervais Martel : « Là, avec la descente, je suis beaucoup moins fier de moi »

« Or, au mois de septembre, on nous avait prédit un dépôt de bilan, qu’on ne finirait pas la saison. Où est la vérité ? Aujourd’hui, on est toujours là. Aujourd’hui, c’est notre rôle de faire face dans des situations de crise, à des situations qui sont imprévisibles et compliquées.

On a dit que je ne savais pas, sauf que je n’ai rien changé par rapport au Crédit Agricole auparavant. […] Je peux vous garantir qu’il n’y a pas un bus de personnes qui sont arrivées. On est resté à effectif égal, voire même un peu moins par rapport à ce qui se passait avant. »

Gervais Martel : « Je suis triste parce qu’on est descendus »

« Mon rôle, c’est d’assumer la présidence du club. Je suis revenu au club, pas pour faire un effet d’annonce. Ça fait un an que je suis revenu et j’étais très fier de moi la saison dernière quand on est remonté. Là, avec la decente, je suis beaucoup moins fier de moi. Bien sûr que j’ai conscience de la détresse, de l’exaspération, que les gens ont du mal à me suivre et à comprendre mes explications. La preuve en est, c’est que des organismes spécialisés m’ont demandé de m’expliquer sur cela. »

« Je suis triste aujourd’hui, même si la première marche du retour aux sources va passer par un maintien en Ligue 2. Je suis triste parce qu’on est descendus. La finalité, c’est qu’on a fait ce qu’on a pu. On a joué avec une équipe qui était amputé de 8-9 joueurs par rapport à la saison dernière, on n’a pas eu le droit de recruter. Ça, c’est la réalité. »

Gervais Martel et la vente des jeunes de la Gaillette

« Dieu merci, il y a des gens qui ont travaillé dans le club depuis des années. La formation, elle ne s’est pas créée en 2013. C’est une action forte qui a été décidée en 1998 lorsqu’on jouait la Ligue des Champions et pour laquelle le club a investi et payé – sans aide extérieure – le CTS de la Gaillette. Il y a des gens qui ont formé des jeunes, qui les ont recrutés, que les ont fait évoluer, qui ont permis que ce centre de formation grandisse. Le but, c’est de former des joueurs, de retrouver en eux nos valeurs…

Ah oui, mais vous allez me dire : « Et si vous les vendez ? » Tous les clubs de France et d’Europe vendent des jeunes ! Aujourd’hui, quand on a des demandes de clubs prestigieux comme Arsenal pour des jeunes joueurs quasiment inconnus, on est obligés de les regarder, de cautionner  car on est aussi confronté à la famille.

[...] Je ne suis pas idiot de vendre des jeunes. Ce n’est pas la casquette « Gervais con », c’est « Gervais gestionnaire » qui doit protéger son entité. Mais c’est difficile aujourd’hui, quand vous avez des familles qui sont sollicitées par des grands clubs. A partir du moment où le prix est cohérent, c’est ce que font tous les clubs, à part peut-être Paris. »

Gervais Martel : « Mon objectif aujourd’hui, c’est de retrouver une sérénité avec ou sans Hafiz Mammadov »

« Les difficultés, on va y revenir. Aujourd’hui, on sait que Mammadov, c’est extrêmement compliqué mais il est actionnaire majoritaire. Certes il a amenés 15 millions. Pourquoi n’ai-je pas fait pareil ? Parce qu’il n’a pas voulu céder 1% de la holding dont il est propriétaire. C’est très compliqué, même si vous avez des gens prêts à investir. J’en avais un ou deux qui étaient proches de le faire. La question était de savoir comment on fiat face à l’actionnariat.

L’actionnariat, je n’ai pas attendu des cours juridiques ou les médias pour comprendre et savoir ce qu’il faut faire. Je ne suis pas un petit garçon. Je suis accompagné par un des plus grands cabinets juridiques d’Europe. On a déjà commencé à travailler à cela dans le respect de l’actionnaire, mais aussi avec un certain nombre de choses qu’on va essayer de mettre en place dans les prochaines semaines. Les choses, ce n’est pas seulement de dire : « Eurêka, j’ai trouvé la solution : je vais déposer le bilan de la holding. » Règle importante juridique : on dépose le bilan d’une entité quand on est en cessation de paiement. Or ni la holding, ni la SASP ne sont en cessation du paiement.

Il faut donc trouver un certain nombre de moyens, pour lesquels on est allés prévenir Hafiz Mammadov car deux dirigeants du RC Lens étaient à Bakou la semaine dernière pour le prévenir.

C’est en route : mon objectif aujourd’hui, c’est de retrouver une sérénité avec ou sans Hafiz Mammadov, dans la pérennité du club à moyen et long terme. »

Gervais Martel : « Je ne suis pas revenu à Lens en étant assis dans un siège en mettant une ceinture de sécurité et trois cadenas en disant : « J’y suis, j’y reste. » »

« Dernière chose : je comprends la détresse des gens. Je suis supporter de Lens avant tout. Quand mon club a fini 20e, c’est mon club comme c’est celui de chacun. On était tous tristes. Même si Antoine Kombouaré et l’ensemble de l’équipe ont fait un bon boulot, la finalité est là.

Je ne suis pas revenu à Lens en étant assis dans un siège en mettant une ceinture de sécurité et trois cadenas en disant : « J’y suis, j’y reste. »

Si demain ou hier, des gens étaient venus avec la possibilité de sortir Hafiz Mammadov et amènent des fonds réels, concrets, qui permettent surtout, non pas de faire un coup en reprenant le club en National ou en CFA2… Je demande à voir les millions que certains veulent apporter… Je suis allé chercher les gens, et je n’ai jamais été appelé… Pensez-bien que, si j’avais été appelé par quelqu’un qui pouvait investir 7-8 millions d’Euros, s’il fallait faire 50 km à pied, je les aurais faits.

"Blablabla", c’est facile. Agir, travailler, s’investir jour après jour, c’est complètement différent. Aujourd’hui, dire qu’on peut ramener 6, 7 ou 8 millions d’Euros… mais ça ne fonctionne pas comme ça, un club. 6-7 millions d’Euros, c’est pour avoir une majorité et être sur la photo ?

Un club de foot, tous les ans, il faut remettre de l’argent. Un club de foot, ça coûte 5, 10 ou 15 millions d’Euros par an. Il faut avoir des gens extrêmement solides pour soutenir cela. Connaissez-vous un club, à partir Paris et certainement Lyon, qui ne soient pas à vendre ? Tous les clubs sont à vendre, mais personne ne trouve.

On peut se dire qu’à Lens, on est fiers de nous, d’être Lensois, d’être dans une grande ville, d’avoir le Louvre à côté, nos supporters extraordinaires… Mais il y a aussi d’autres villes, plus importantes, dont les clubs sont tous à vendre. »

Gervais Martel : « Je n’ai pas besoin de me justifier »

« Je ne suis pas en train de me justifier, car je n’ai pas besoin de me justifier. Quand je me rase le matin, je ne me coupe pas car ma main ne tremble pas. J’ai été attaqué, sali… Mais ça fait partie de la vie, je suis un homme public. J’ai le club dans le cœur, et pas ailleurs… J’ai fait le maximum. Soit, j’ai mal communiqué sur la communication difficile d’Hafiz Mammadov… J’ai tellement voulu bien faire qu’à un moment donné, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de parler. A chaque fois que je disais des choses, je me suis dit qu’on n’allait pas me croire. J’ai entendu et lu des trucs invraisemblables.

Je suis mis en examen dans une affaire, mais tout le monde le sait. Quand on est mis en examen, est-ce qu’on est condamné et coupable ? Il y a d’autres exemples très récents au niveau politique. Le procès de Gervais Martel, il aura lieu et je l’attends avec impatience. On a dit que je suis intervenu pour déplacer deux fois le procès. Je ne suis jamais intervenu pour déplacer la date du procès. Et j’aimerais bien que cette affaire-là soit passée le plus vite possible. Malheureusement, pour des raisons de calendrier, ce ne sera fait qu’en 2016.

J’ai triché ? Finalement, la DNCG m’a blanchi.

J’ai menti ? Finalement… Je vais commencer à écrire un livre avec un journaliste présent ici et je vais tout sortir. Les 200 mails avec Bakou… »

Gervais Martel : « Si demain, il y a des solutions (...), on fera un pot de départ et on va bien se marrer. Mais je partirai fier »

« J’en ai marre de me justifier. Je suis arrivé ici il y a 27 ans. 27 ans pour qu’en fin de carrière, je fasse descendre le RC Lens. 27 ans pour qu’aujourd’hui, je sois orgueilleux et que je sois sur la photo.

Aujourd’hui, j’ai passé l’âge d’être sur la photo. Par contre, j’ai une responsabilité et c’est mon club. Peut-être que je vieillis, que je suis moins bon… Je vous rassure : le reste de ma carrière de président du RC Lens sera inversement proportionnel au début de ma carrière.

Si demain, il y a des solutions, des gens consistants, pérennes, qui prouvent d’où vient l’argent et qui mettent l’argent et qui ont un projet : ça ne pose aucun problème. Je vous rassure : on fera un pot de départ et on va bien se marrer. Mais je partirai fier, pas en ayant laissé mon club dans l’état dans lequel il est malheureusement aujourd’hui au niveau sportif, pas au niveau financier.

Malgré ce qu’on a entendu, on s’est battus. On a été entendus par une DNCG qui était très cohérente ces dernières semaines. On a trouvé des solutions internes au club, c’est-à-dire qu’on a autofinancé notre passage à la DNCG par des ventes. Vendre des joueurs, c’est un acte de gestion normale dans un club. J’aurais pu vendre des joueurs et récupérer beaucoup plus d’argent tout de suite, si j’avais décidé de les brader. Mais je ne l’ai pas fait. On a réfléchi sur la valeur de chaque joueur. Comme par hasard, depuis ce matin, on a des clubs qui appellent pour nos joueurs. Et on a des managers qui appellent pour envoyer leurs joueurs à Lens. On aura une équipe qui aura 23 joueurs dans l’effectif, on aura une équipe qui sera cohérente. Mais on va aussi essayer d’être prudent. »

Gervais Martel : Une remontée en Ligue 1 dans les deux ans et Antoine Kombouaré reste entraîneur

« On va essayer de remonter dans les deux ans en Ligue 1. On ne va pas se dire qu’on va remonter en Ligue 1 demain matin. On a pris une marche dans l’escalier et on va remonter tranquillement, sereinement, avec nos forces et nos valeurs. On va travailler dans un budget réduit, qui sera d’environ 20 millions d’Euros la saison prochaine. La masse salariale, comme j’évoquais avec la DNCG hier et même si elle sera plus faible qu’en Ligue 1, elle sera supérieure à celle d’Angers ou de Nancy la saison dernière.

On va pouvoir travailler et on n’a jamais arrêté de travailler. Ce qui va se passer demain, c’est qu’on va réunir nos forces vives et on va travailler et bâtir l’équipe de Lens de demain, accueillir nos joueurs qui reprennent demain.

Et on va repartir, comme on sait le faire, repartir avec Antoine Kombouaré comme entraîneur. Avec Antoine, qui est quelqu’un que je respecte beaucoup, on est tous restés sur un échec et il sait que ce sera difficile. C’est un gars qui est respectueux du club, respectueux de son contrat.

J’étais ce matin très tôt avec lui pour en discuter et on va essayer de rassembler les forces vives, tous ensemble pour repartir normalement, sereinement, avec un budget qui, contrairement à l’année dernière, évitera de nous demander comment on fait dans quelques mois, avec un budget qui a été travaillé, adapté, proposé et accepté par le gendarme financier de la DNCG. Et je suis très content qu’ils aient donné leur accord car tout le monde l’attendait. »

Propos transcrits par Thomas pour MadeInLens


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