Gervais Martel : « Ces arrivées n'étaient pas prévues au départ »

Gervais Martel RC Lens 06
En cette fin de trêve internationale et avant d'affronter Lorient, Gervais Martel revient sur la fin de mercato agitée du RC Lens, avec les arrivées de Frédéric Duplus, Souleymane Diarra, Moussa Maazou et Cyrille Bayala. Le président des Sang et Or évoque également la situation du club lensois en Ligue 2, le fait que le nom du Racing soit cité dans les enquêtes journalistiques sur du blanchiment d'argent en provenance d'Azerbaïdjan, ainsi que la commission de discipline du 14 septembre, où le RC Lens saura la décision prise après l'envahissement de la pelouse lors de RC Lens - Brest.

Sur les arrivées : «On a essayé de prendre des joueurs qui soient opérationnels tout de suite, dans la mesure où leurs papiers seraient réglés, c’est d’ailleurs ce qu’est en train de faire Cyrille Bayala. Il fallait aussi qu’ils parlent français, ce qui nous paraissait important, car sans revenir sur le début du mercato, ça a été compliqué. Avec beaucoup de joueurs étrangers, l’intégration est beaucoup plus difficile. Espérons qu’avec ces quatre renforts, qui n’étaient pas prévu au départ, nous allons pouvoir enfin démarrer notre saison. Les quatre recrues sont opérationnelles car elles jouaient encore récemment, que ce soit Duplus à Anvers, Diarra en Hongrie, Maazou avec Ajaccio ou Bayala en sélection, sans compter des joueurs qui nous ont rejoint récemment comme Markovic. C’est un peu de changement par rapport à ce qu’on a fait avant (en début de mercato), où on a pris des joueurs qui n’étaient pas encore prêts, qui n’avaient pas repris l’entraînement avec leurs équipes, et ça s’est vu sur le terrain. On avait une différence de préparation, et donc d’activité entre certains joueurs. Aujourd’hui tout le monde est là ou presque, et Eric Sikora travaille avec son équipe pour remettre ça à flots.

«Tous les prêts que nous avons sont en option unilatérales, c’est à dire que ça reste notre décision (pour l’option). Souleymane Diarra est un joueur que l’on espère garder, il a vraiment du peps, même si on verra ça sur le terrain. Je ne sais pas si ces recrues vont correspondre à une deuxième saison, mais je suis autant attristé et perturbé que tout le monde autour du club par ce début de saison, c’est du jamais vu cette entame que l’on est en train de faire. Il va falloir se ressaisir rapidement, et ça passe par avoir des forces vives utilisables et opérationnelles. C’est d’ailleurs pour ça que l’on a insisté en liaison avec l’actionnaire sur cette deuxième partie de mercato. Je pensais plutôt à un ou deux joueurs, on en a pris quatre. Eric (Sikora) va avoir à sa disposition un groupe étoffé, et ça va maintenant être à eux de jouer, de récupérer leurs esprits, et de montrer autre chose que ce que l’on a vu. Maintenant Paris ne s’est pas fait en un jour, Eric a repris l’équipe il y a une dizaine de jours. Ça travaille bien, sur ce que l’on peut entendre et ce que l’on peut voir, maintenant, dans la situation où on est, il faut qu’on arrive à retrouver un compte positif le plus vite possible. »

« Il y a des choix qui ont été faits par un certain nombre de personnes, et aujourd’hui le constat est que certains joueurs sont arrivés pas prêts et ça n’a pas marché. Après, en tant que président j’assume tout, les côtés positifs comme les négatifs. Celui qui dit que ce qui s’est passé depuis le recrutement est positif, soit il est aveugle, soit c’est un malade. Si un jour l’actionnaire veut faire l’analyse de ce qui s’est passé, il le fera.J’assume les choix qui ont été faits, tout comme j’assume d’être dernier du championnat avec zéro point. J’assumerai aussi samedi et la semaine prochaine. Après dans un club, il y a parfois des décisions qui sont compliquées et qui peuvent paraître des mauvaises décisions. Il faut assumer et espérer qu’avec les gens qu’on a pris on soit dans le vrai, ainsi qu’avec ceux qu’on a pris avant. 

On est dans la masse salariale qui a été déposée à la DNCG, aussi bien au niveau des achats que des salaires, sachant que depuis longtemps nous n’avons pas eu d’encadrement de la part de la DNCG cette année. Le fait de recruter quatre joueurs le 31 ne veut pas dire que certains qui ont été pris avant n’auront pas leur chance. Ce n’est plus mon problème, mais celui de l’entraîneur. Il a une palette devant lui assez conséquente, même si on en a perdu un hier (Chantôme sur blessure), et Lopez qui est encore blessé. »

La situation du club lensois : « La courbe des résultats doit s’inverser tout de suite, même s’il ne suffit pas de le dire. Maintenant, il ne faut pas faire l’autruche : on n’a pas été bons. C’est une équipe qui prend trop de buts, qui est trop souvent en réaction au lieu d’être en action. Il y a situation d’urgence, bien entendu, on ne peut pas attendre en se disant qu’il reste 33 ou 34 matchs parce qu’on a perdu les 5 premiers. Encore une fois c’est du jamais vu, donc il faut redresser la barre le plus rapidement possible.

Aujourd’hui je crois que je serais un farfelu si je vous disais encore que l’objectif c’est la montée ! L’objectif c’est déjà qu’Eric Sikora et son équipe puisse déjà gagner un match, après on en reparlera dans 2-3 matchs. Quand on est sur une telle hémorragie avec cinq défaites, on se doit de se concentrer sur le prochain match et le suivant. On va essayer de tout faire pour redresser au moins la tête à ce niveau là. »

Sur le fait que le RC Lens soit cité dans l'enquête de journalistes sur un possible blanchiment d'argent en provenance d'Azerbaïdjan : « On a vu ça et on est les seuls à avoir répondu au journal qui a fait l’enquête sur la mise en cause de Mammadov . C’est extrêmement clair : il y a une société qui nous a versé 2 millions de dollars. Cette société, on a bien entendu demandé qui elle était par rapport à Mammadov, et c’est une société qui faisait partie du giron. C’est ce qui nous a été dit, confirmé et transmis par les autorités locales. Le versement venait donc d’une société qui dépendait du Baghlan Group, selon ce qui nous a été dit. Après ce qui ressort maintenant dans cette enquête, ça ne me regarde pas, les enquêtes sur ce versement ont été faites en temps et en heure, et acceptées par les instances, notamment en liaison avec un cabinet parisien d’avocats qui a travaillé avec moi sur tout le dossier du Baghlan Group et de Mammadov. C’est un non évènement pour moi, peut-être un évènement pour Mammadov et ses sociétés, mais ça ne me regarde pas. »

Sur les supporters : « J’ai vu les groupes de supporters une fois ou deux, notamment après le match de Brest. Je les ai revu après notre passage à la Ligue où on a réussi à obtenir qu’il n’y ait pas de mesure conservatoire par rapport à la tribune. On y sera reçu à nouveau le 14 (septembre). Eric Sikora a dû discuter avec eux hier (mercredi) soir, ils sont dans un état d’esprit compliqué comme nous. J’aurais souhaité qu’on ait fait que des clapping en gagnant tous les matchs, mais la situation est là. Elle est extrêmement spéciale, et on a besoin de tout le monde. Encore une fois c’est le plus mauvais démarrage en 30 ans, et on ne s’en sortira qu’en étant solidaires, il n’y a pas d’autres solutions. C’est la loi du sport et du foot. J’espère que l’on va pouvoir se réjouir un peu dans les semaines qui viennent, en redressant la tête. Je ne leur ai jamais dit qu’ils nous enfonçaient, maintenant je regrette l'envahissement du terrain, et c’est un mot faible. D’un autre côté j’ai été supporter et je le suis toujours, mais cela n’excuse pas l’envahissement. Heureusement, dieu merci, il n’a pas duré trop longtemps, les gens sont retournés tranquillement à leur place, et le match a pu aller à son terme. Sans quoi il y aurait eu une sanction immédiate de huis clos sur Bollaert. Maintenant on sait qu’on est dans le viseur, les supporters ne sont pas des idiots, ils le savent. Il faut espérer que le côté sportif va nous rassembler dans la difficulté. »

Propos recueillis par Pascal Guislain (RBM 99.6FM) et transcrits par Guillaume pour MadeInLens


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