La Parole à : Jimmy Adjovi Boco (2/2)
Cette saison, au travers de notre rubrique "La Parole à", MadeInLensvous propose régulièrement des interviews de personnalités qui nous apportent leur point de vue sur le Racing Club de Lens ou le football en général. Cette semaine, c’est une des grandes figures du RC Lens qui répond à nos questions : Jimmy Adjovi-Boco qui a solidement gardé le flanc gauche de la défense lensoise pendant six années, de 1991 à 1997.
Après la première partie de notre entretien au cours de laquelle il exprimait son désir de voir un jour un jeune de Diambars endosser le maillot lensois, Jimmy évoque ses souvenirs sous le maillot Sang et Or et son attachement à la région.
Vous nous disiez que vous avez vécu un « truc exceptionnel » au RC Lens. Quels souvenirs gardez-vous de votre passage sous le maillot lensois ?
On a vécu des moments exceptionnels. Que ce soit sur le plan professionnel ou humain, j’y ai vécu les meilleurs moments de ma carrière. Et je les vis encore aujourd’hui avec des amis comme Eric Sikora, Laurent Hochart, Didier Sénac ou Cyrille Magnier que je retrouve tous les jeudis soirs pour jouer et aller dîner. Les gens du Nord sont fidèles et c’est ce que j’aime : c’est mon moteur dans la vie.
Vous suivez donc toujours les résultats du RC Lens ?
Évidemment !
Que pensez-vous de l'équipe actuelle ?
L’équipe est jeune, pleine de talents, mais elle manque un peu d’expérience. C’est dommage qu’il n’y ait pas eu un ou deux joueurs d’expérience supplémentaires pour les encadrer. Ils ont surtout un staff de haut niveau avec Antoine que je connais très bien, avec son adjoint et l’entraîneur des gardiens que je connais bien aussi. Ils ont tous déjà démontré leurs compétences. Antoine, c’est un coach qui colle pile poil au besoin du RC Lens : c’est quelqu’un de rigoureux qui colle aux valeurs de travail, de respect de sérieux dont on a besoin ici.
Au niveau des joueurs, que pensez-vous du recrutement ?
C’est le seul bémol : la situation économique du club a fait qu’on n’a pas pu recruter comme on aurait dû ou voulu. C’est dommage car il y a du talent mais cela manque d’expérience. Cela se ressent sur les matchs à domicile. On ne se rend pas compte de la pression que le public peut représenter pour un jeune joueur. Ça peut en paralyser quelques-uns. Avec quelques joueurs d’expérience en plus, on aurait certainement 6 ou 7 points de plus aujourd’hui.
Vous pensez qu’on va quand même atteindre l’objectif de la montée en Ligue 1 ?
L’objectif, on va l’atteindre mais il va falloir se battre jusqu’au bout. Il y a des rencontres cruciales : celle de samedi dernier mais ensuite Nancy, Angers … Si l’argent avait pu être apporté dès maintenant, cela aurait permis d’être un peu plus tranquille mais c’est difficile de critiquer Monsieur Mammadov qui a sauvé le club.
Les dirigeants ont sans doute préféré privilégier le recrutement d’un entraîneur de haut niveau pour bâtir le projet ?
Le recrutement d’un entraîneur était une obligation, même si Eric Sikora avait démontré toutes ses compétences. Même s’il a démontré le temps qu’il a été à la tête de l’équipe qu’il avait l’étoffe d’un grand entraîneur, il reconnaît lui-même qu’Antoine a une expérience qu’il n’avait pas et que sa venue va lui permettre de compléter sa formation à ses côtés. La présence d’Antoine est un moyen pour Eric de progresser et de revenir dans quelques années pour reprendre cette équipe et ne plus la quitter.
Eric Sikora a-t-il vécu l’arrivée d’Antoine Kombouaré aussi sereinement que cela ?
C’est un compétiteur ! Cela a été un choc pendant quelques jours. Mais ensuite, c’est comme quand on est joueur et qu’on fait venir un international à notre place, on se dit qu’on va continuer à apprendre et démontrer qu’on peut être meilleur que lui.
Pour moi, Siko c’est l’entraîneur du RC Lens de demain. Si Antoine partage les valeurs du RC Lens, Siko les incarne.
En 1997, vous partez au Hibernian Football Club juste avant le titre. Cela doit être un regret ?
Bien sûr j’aurais aimé être champion mais je pense avoir contribué à ce titre de champion. Pendant mes six années de présence, on a fait des saisons intéressantes et on a construit sur des valeurs avec des jeunes joueurs formés au club. Pour moi, j’ai participé à ma manière à ce titre et, le jour où on a été champion, je l’ai été aussi.
On vous sent extrêmement attaché au club …
Quand on a vécu une aventure comme celle-ci, il peut difficilement en être autrement. Je suis toujours resté attaché à cette bande et à Gervais. L’amitié est quelque chose qui va au-delà. C’est un reproche que je ferais à ce milieu aujourd’hui, qui est devenu superficiel alors que c’est sur les histoires humaines qu’on construit les beaux projets.
On a l’impression que l’esprit humain qui animait l’équipe à votre époque a disparu par la suite. Est-ce cela qui a causé la chute du RC Lens ?
C’est une certitude, même si cela dérange un peu quand on dit cela. Pour moi, pour qu’un club ait des résultats durables, il faut trois choses : l’équipe, les dirigeants et les supporters. Si on arrive à trouver une osmose entre ces trois entités, on a quelque chose de solide. Le jour où l’équipe va moins bien, il faut que les dirigeants soient à ses côtés. Le jour où on a des problèmes financiers, il faut que les joueurs et les supporters répondent présents. D’ailleurs, le seul pilier qui ne devrait jamais plier, c’est les supporters.
On a l’impression qu’on a retrouvé une vraie osmose cette saison ?
Oui mais ce n’est pas uniquement quand tout va bien qu’il faut être là. Que les gens soient mécontents quand cela va moins bien, c’est normal. Mais, à Lens, la force, c’est le public et c’est sur ce pilier que le club doit pouvoir se reposer.
Propos recueillis par Samuel
MadeinLens remercie chaleureusement Jimmy Adjovi-Boco pour cet entretien
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